Comme tous les observateurs l’attendaient, la fin du gouvernement légal de Kaboul est désormais proche. Des propositions gouvernementales auraient déjà été faites de laisser la place si un cessez-le-feu était signé de manière à épargner des vies humaines. Cependant, personne n’imaginait que l’effondrement des forces gouvernementales serait si rapide.

Plus récemment, Washington avançait le chiffre de trois mois avant la chute de Kaboul (ce qui faisait fin novembre – début décembre).  Dans les faits, les forces légalistes ont peu combattu car elles savaient la cause perdue. Dans un dernier sursaut, Kaboul, après avoir limogé son chef d’état-major, a demandé en urgence l’aide militaire de l’Inde qui se trouve dans l’incapacité totale d’intervenir. En effet, entre l’Inde et l’Afghanistan, il y a le Pakistan qui bien sûr ne l’entend pas de cette oreille.

L’ambassade américaine intime à tous ses ressortissants de quitter immédiatement le pays car leur sécurité n’est plus assurée (les Européens volontaires sont déjà partis). 3.000 militaires US (deux bataillons de Marines et un de l’US Army ; il convient de compter aussi les 650 militaires présents à l’ambassade) sont dépêchés à l’aéroport pour aider à l’évacuation des personnels diplomatiques. 600 de leurs homologues britanniques et un nombre non précisé de Canadiens font de même pour leurs personnels diplomatiques respectifs. Par ailleurs, les négociateurs US tentent d’obtenir des taliban l’assurance que l’ambassade américaine ne sera pas attaquée lors de la prise inéluctable de Kaboul qui est en train d’être assiégée. Toutefois les derniers bombardements de B-52 et d’AC-130 Spectre (1) ont créé un mauvais effet tout en n’emportant aucune décision tactique.

La Turquie qui avait proposé ses services pour sécuriser l’aéroport de Kaboul reste désormais sur une expectative plus prudente en distant qu’il serait bien que les liaisons aériennes restent ouvertes. Tout cela est aussi à négocier avec les taliban qui ont tous les atouts en main..
Au soir du 12 août, dix provinces sur 34 sont désormais dans leurs mains et Lashkar Gah et Kandahar (voir carte) ont fini de tomber dans la nuit. Il y a un air de Vietnam en 1975.

Comme cela se disait dans le passé en vieux français, « le » Messi est arrivé à Paris pour jouer au sein du PSG propriété du Qatar. Tous les medias se sont extasiés. En même temps, les taliban vont arriver à Kaboul après avoir tenu des négociations (un jeu de dupes) à Doha sous l’égide du Qatar. Personne ne l’évoque. À n’en pas douter, c’est une défaite pour l’Occident mais aussi pour les monarchies arabo-musulmanes car un foyer de déstabilisation va se remettre en place.

1. Voir article du 9 août 2021 : AFGHANISTAN : LES TALIBAN S’EMPARENT DE CAPITALES PROVINCIALES

Publié le

Texte

Alain Rodier

Photos

DR - BBC