Depuis août 2021, les talibans tiennent fermement le pouvoir à Kaboul. Ils sont toutefois confrontés à des difficultés économiques intérieures importantes liées au fait que le régime s’est placé en marge de la communauté internationale car il n’est reconnu que par trois pays : le Pakistan, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU).

Son plus grand danger sécuritaire est la « Province (wilaya) Khorasan » qui dépend de l’État islamique au Khorasan (EI-K) qui couvre l’Asie centrale et l’Asie du Sud. Cette filiale de Daech a été crée en 2015 et ses actions couvent essentiellement l’Afghanistan et dans une moindre mesure le Pakistan puis l’Inde. Farouchement opposés aux talibans considérés comme des apostats (traitres à l’islam) étant donnée leur proximité avec Al-Qaida, ses quelques milliers d’adeptes mènes des opération de type terroriste jusqu’au cœur de la capitale.

Après la prise de Kaboul en août 2021, un autre mouvement de résistance a émergé dans l’espoir de mettre fin au régime islamique.

En effet, la répression croissante des talibans, contrairement à leurs promesses faites après leur prise du pouvoir, n’a pas empêché le Front de résistance nationale (NRF) de lancer des opérations contre le régime taliban.

Ali Maisam Nazary, responsable des relations extérieures de la NRF a déclaré en août 2023 à Fox News : « aujourd’hui, surtout en cette saison de combats, nous avons réussi à défier les talibans dans de nombreuses régions d’Afghanistan au-delà de notre base dans les vallées reculées des montagnes de l’Hindou Kouch […]Nous avons lancé avec succès des opérations de guérilla dans les provinces orientales comme le Nangarhar, le Laghman et le Nouristan. Il en va de même dans le nord et le centre de l’Afghanistan.  La raison en est que le peuple afghan est plus convaincu aujourd’hui qu’il y a deux ans qu’une lutte armée est la meilleure solution. seule manière d’apporter la paix et la stabilité en Afghanistan ».

La NRF, dirigée par Ahmad Massoud et Amrullah Saleh, ancien vice-président de la République islamique d’Afghanistan, qui après la fuite de l’ancien président Ashraf Ghani, avait pris brièvement la présidence, reste une unité de résistance afghane combattant les talibans.

Ses chefs se sont engagés à poursuivre le combat même après la perte de l’historique  base arrière constituée de la vallée du Panchir que les talibans ont reconquise peu après leur prise de pouvoir en septembre.2021.

Le père de Massoud, Ahmad Shah Massoud, était un éminent rebelle moudjahidine qui a combattu contre les Soviétiques dans les années 1980 et a été assassiné par des membres d’Al-Qaïda deux jours seulement avant les attentats du 11 septembre.

Les talibans qui ont reconstitué une armée à base de matériels américains récupérés ont réussi à éliminer certains responsables de la NRF, mais le groupe a également connu un certain succès dans la guerre asymétrique qu’il mène.

Les actions offensives de la NRF ont diminué au premier semestre 2023 par rapport à 2022, mais sont depuis passées d’environ une attaque ou moins par semaine au premier semestre 2022 à plusieurs attaques par semaine au cours du second semestre 2023 (juillet-août) jusqu’à présent.

Peter Mills, chercheur sur l’Afghanistan à l’Institute for the Study of War (ISW) a déclaré à Fox News Digital : « Sur le plan opérationnel, la NRF est passée d’une concentration d’opérations dans la vallée du Panchir en 2022 dans le but de prendre le contrôle du territoire aux mains des talibans à une concentration en 2023 d’attaques dans les zones rurales des provinces voisines du Panchir dans le but de saper la gouvernance et le contrôle des talibans dans le pays ». Pour lui, le nombre total d’attaques de la NRF est en baisse en 2023 par rapport à 2022 en raison du changement de stratégie.

La NRF mène une campagne depuis deux ans pour obtenir une plus grande reconnaissance et un plus grand soutien international pour ses efforts de lutte contre les talibans. La NRF a intensifié son activité politique en organisant deux conférences en Autriche et au Tadjikistan entre divers groupes d’opposition et membres de la diaspora afghane dans l’espoir d’organiser une opposition politique unifiée et de définir une alternative démocratique pour l’avenir de l’Afghanistan.

Mais, jusqu’à présent, les appels à un plus grand soutien international, notamment de la part des États-Unis, sont restés lettre morte. Le porte-parole du Département d’État. a déclaré à à Fox News Digital : « Les États-Unis ne soutiennent pas le conflit armé en Afghanistan. Le pays est en guerre depuis 44 ans. Nous ne voulons pas voir un retour du conflit en Afghanistan, et les Afghans nous disent qu’eux non plus ne le souhaitent pas »…

Compte tenu de la volonté du président Joe Biden de rallier l’OTAN et l’Occident pour aider l’Ukraine à se défendre contre la Russie et de l’importance stratégique accordée à la lutte contre la Chine dans la région Indo-Pacifique, l’administration actuelle ne veut pas d’une reprise du conflit en Afghanistan.

La NRF manque également de cohésion avec les autres groupes d’opposition, ce qui rend la lutte contre les talibans encore plus difficile.

Deux ans après le début de leur insurrection naissante, il y a peu d’espoir que la NRF, ainsi que d’autres groupes d’opposition, puissent réellement renverser le gouvernement taliban.

Max Abrahms, professeur d’études sur le terrorisme à la Northeastern University a affirmé à Fox News Digital: « il n’y a actuellement aucun défi sérieux au régime taliban en Afghanistan ».

Bien que les talibans ne soient pas reconnus dans le monde entier, la NRF manque également de soutien extérieur pour financer ses efforts, élément clé du succès d’une campagne insurrectionnelle.

Il y a donc à parier que ces derniers sont installés au pouvoir pour des années…

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Texte

Alain Rodier