Comme durant la Guerre froide, la Russie a une flotte de navire « espions » qui, non seulement font du renseignement, mais en plus peuvent servir de plateformes pour des opérations musclées.

Selon la presse danoise, norvégienne, suédoise et finlandaise, elle flotte pourrait permettre de saboter des parcs éoliens et des câbles de communication en mer du Nord. Pour ce faire, cette flotte effectuerait actuellement des reconnaissances sous-marines et cartographient des sites clés pour d’éventuelles actions offensives.

La presse met en avant un navire russe appelé « amiral Vladimirsky ».
Officiellement, il s’agit d’un navire océanographique expéditionnaire, ou navire de recherche sous-marine. Mais la presse a noté que ses dernières explorations ont suivi un parcours sinueux qui l’a amené à proximité de sept parcs éoliens situés au large des côtes du Royaume-Uni et des Pays-Bas.

Il a été remarqué que ce navire ralentissait lorsqu’il s’approchait des zones où sont implantés des parcs éoliens. De plus, il aurait parfois navigué avec son transpondeur éteint.
Lorsqu’un journaliste s’est approché du navire sur un petit bateau, il a remarqué deux hommes armés de fusils d’assaut sur le pont.

À la fin 2022, ce navire aurait été aperçu au large des côtes écossaises entrant dans le Moray Firth le 10 novembre. Il a ensuite été vu à environ 30 milles marins à l’est de Lossiemouth, qui abrite la flotte d’avions de patrouille maritime de la RAF.

Le général Jan Swillens, le chef des services de renseignement militaires néerlandais (MIVD) a déclaré à la fin février 2023 : « Nous avons vu ces derniers mois des acteurs russes tenter de découvrir comment fonctionne le système énergétique en mer du Nord. C’est la première fois que nous voyons cela. »

Toutefois, la reconnaissance de sites sensibles n’est pas une nouveauté puisque cela existe depuis le temps de la splendeur du Pacte de Varsovie. Le nombre de chalutiers soviétiques (puis russes) pêchant au large de l’île longue lors de la sortie de sous-marins nucléaires stratégiques français a toujours été important…

Cela dit, les pays nordiques craignent des actes de sabotage en cas d’aggravation de la guerre en Ukraine suivie d’une montée des tentions entre la Russie et les pays occidentaux.

Quelques cas étranges

En novembre 2021, l’Institut norvégien de recherche marine a annoncé que le réseau sous-marin de surveillance « Lofoten-Vesterålen » composé de plusieurs « nœuds » de capteurs reliés par des câbles électriques et à des fibres optiques était hors-service et qu’une enquête venait d’être confiée au PST (Politiets Sikkerhetstjeneste, le contre-espionnage norvégien) en raison d’une présomption de sabotage.

En effet, il fut constaté la disparition d’une partie de l’un des câbles du circuit extérieur de ce réseau océanographique dont les données collectées sont aussi utilisées par l’Institut de recherche de la Défense norvégienne pour détecter les éventuels passages de sous-marins en mer de Norvège.

Le 7 janvier 2022, un des deux câbles sous-marins en fibres optiques de communications du Svalbard mis en service pour le compte du Norwegian Space Centre qui relie Andøya à l’archipel de Svalbard où se trouve une station clef pour la collecte des données obtenues par les satellites à orbites polaires a cessé de fonctionner.

La rupture d’un câble sous-marin en octobre 2022 a interrompu des réseaux de téléphonie mobile et des communications internet dans les îles Shetland riches en pétrole et isolées au nord de l’Écosse, un « incident majeur » pour la société de télécommunications BT. Cet « incident » s’est renouvelé au début 2023.

Cela dit, les câbles sous-marins sont effectivement régulièrement coupés par des bateaux de pèche par accident.

Il a bien eu un acte de sabotage lors de la destruction en septembre 2022 de parties des gazoducs Nord Stream 1&2 (1) conçu pour transporter le gaz de la Russie vers l’Europe. À l’époque, beaucoup ont pointé du doigt la Russie mais depuis, d’autres rapports ont suggéré des acteurs pro-ukrainiens. Des enquêtes sont en cours et ce serait un miracle si elles aboutissaient…

S’il est plus que probable que les navires russes cités servent au recueil de renseignements, il est plus douteux qu’ils soient utilisés directement lors d’opérations tactiques. Pour cela, les Russes disposent d’une flotte de sous marins performants. Le bijou de cette flotte est le K-329 Belgorod qui dépend du GUGI ( Direction principale de la recherche en haute mer du ministère de la Défense de la fédération de Russie ) de la 29ème Brigade autonome des sous-marins de la flotte du Nord stationnée dans la base navale de Gadjievo dépendant directement du ministère de la Défense russe.

1. Voir : « Destruction des gazoducs Nord Stream 1&2 » du 30 septembre 2022.

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Texte

Alain Rodier

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