Devant de nombreux responsables militaires, le président Vladimir Poutine a affirmé le 21 décembre - jour de la visite de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky aux États-Unis - : « ce qui se passe [en Ukraine] est, bien sûr, une tragédie.

Une tragédie commune. Mais ce n’est pas le résultat de notre politique, c’est le résultat de la politique de pays tiers » faisant allusion aux Américains et à l’OTAN.

Il a déclaré : « Les forces armées et les capacités de combat de nos forces armées augmentent constamment et chaque jour. Et ce processus, bien sûr, nous allons le développer […] Nous continuerons à maintenir et à améliorer la préparation au combat de notre triade nucléaire ».

Selon Poutine, la flotte russe devrait disposer à partir de janvier de nouveaux missiles de croisière hypersoniques Zicron(1) qui, selon lui « n’ont pas d’équivalent dans le monde ».
Le Zircon ou 3M22 est un missile anti-navires hypersonique d’une portée opérationnelle de 300 kilomètres devant armer les frégates de la classe Amiral Gorchkov « Projet 22350 » et les sous-marins nucléaires d’attaque de classe Iassen « Projet 885 ».

Il a également insisté sur l’importance des drones dans le conflit avec l’Ukraine.

Lors de la même réunion, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou a dit juger « nécessaire » dans le contexte de l’offensive russe en Ukraine, de porter les effectifs de son armée à 1,5 million de militaires – dont 695 000 sous contrat – et d’augmenter l’âge limite du service militaire. Les appelés peuvent être convoqués aujourd’hui entre 18 à 27 ans. Cela devrait passer de 21 à 30 ans [NdA : la période s’étale sur neuf ans dans les deux cas…]. Pour Choïgou, cette mesure est destinée à « garantir l’accomplissement des tâches pour assurer la sécurité de la Russie ».
Un décret présidentiel datant d’août prévoyait déjà de porter de un million à 1,15 million le nombre de personnels combattants à partir du 1er janvier.

Choïgou a également précisé lors de cette réunion que deux bases navales de soutien allaient être construites dans deux villes conquises par l’armée russe : « Les ports de Berdiansk et de Marioupol fonctionnent pleinement. Nous prévoyons d’y déployer des bases pour les navires de soutien, les services de secours d’urgence et les unités de réparation navale de la marine ».

Pour lui, il s’agit de combattre « les forces combinées de l’Occident », du fait du soutien financier et de ses livraisons d’armes qu’elles apportent à Kiev. Il ne cache pas vouloir « continuer à mener l’opération spéciale jusqu’à ce que ses tâches aient toutes été remplies ».

Le président Ukrainien à Washington

Volodymyr Zelinsky est arrivé le même jour aux Etats-Unis. Il a été reçu par le président Joe Biden puis a fait un discours devant le Congrès. Il a particulièrement affirmé que : « « L’Ukraine ne se rendra jamais ».

En l’accueillant au Capitole, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a évoqué le souvenir de Wiston Churchill, Premier ministre britannique qui avait déclaré en 1941 également devant le Congrès que : « que nous [les Américains] faisions le plus noble travail du monde, en défendant non seulement des foyers et des maisons mais la cause de la liberté dans tous les pays ». Elle a affirmé que c’est « exactement ce que fait le peuple ukrainien ».

Joe Biden a certes répété qu’il soutiendrait l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra » mais il n’a aucune intention d’envoyer officiellement des forces en Ukraine car cela entrainerait les États-Unis dans une guerre mondiale.

Mais Washington a de nouveau annoncé des livraisons de matériels militaires supplémentaires dont un système sol-air Patriot, des roquettes pour les systèmes d’artillerie HIMARS, des missiles anti-radar, des bombes à guidage laser, des obus, des véhicules…

Ce 28e « package » d’une valeur avoisinant 1,85 milliard de dollars porte les aides militaires américaines en nature depuis le 24 février à 13,8 milliards de dollars.

 

En revanche, Zelensky n’est pas parvenu à obtenir des drones Reaper et Grey Eagle, pas plus que des missiles sol-sol ATACMS destinés aux HIMARS  d’une portée de 300 km..

À noter que la veille de sa visite aux USA, Elon Musk, via sa société American corporation Space Exploration Technologies Corp. va fournir à Kiev 10.000 terminaux de communication satellitaire pour le réseau Starlink.

C’est un système de connexion à internet sécurisé via une constellation de satellites. L’armée ukrainienne est déjà équipée de 22 000 systèmes.

Pour plus d’informations sur les perspectives du conflit se reporter à « Ukraine : situation fin 2022 » du 19 décembre 2022.

1. Voir : « Missile russe hypersonique, la fin des groupes aéronavals ? » du 13 octobre 2021.

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