Le scénario de l’exercice hors norme « Nordic Response 24 » qui s’est déroulé en Laponie est sibyllin : « Des forces ennemies [on devine l’armée russe] ont envahi la Norvège et les alliés tentent de les déloger. » Pas moins de 20 000 hommes issus de treize armées différentes de l’OTAN ont participé à cet exercice militaire inédit dans l’Arctique, en Norvège, en Suède et en Finlande.

Nordic Response 2024, malgré son ampleur, n’a été qu’un volet d’un exercice otanien beaucoup plus vaste appelé « Steadfast Defender » où quelque 90 000 soldats ont manœuvré durant plusieurs mois de l’Atlantique au flanc est de l’OTAN, face à un « adversaire de taille comparable », désignant la Russie, sans la nommer. Du jamais vu depuis les exercices « Reforger » au cœur de la guerre froide.

Le message est clair : l’OTAN est prête à se défendre, deux ans après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette dernière est devenue la « principale menace » à la sécurité de l’Alliance atlantique. Car depuis 2014, l’élargissement de l’Alliance — avec l’entrée de la Finlande en 2023 et récemment de la Suède, devenue son trente-deuxième membre —, figure parmi les « principales menaces extérieures » dans la doctrine militaire russe !

Bien que le nombre de troupes russes stationnées près de la frontière norvégienne a été divisé par cinq par rapport à ce qu’il était avant l’invasion de l’Ukraine, la menace est toujours présente. « Car sur les fronts maritimes, aériens et nucléaires, la Russie garde toutes ses forces intactes dans la région », dira Eirik Kristoffersen, chef des forces armées norvégiennes.

L’Arctique a toujours joué un rôle particulier dans la compétition entre grandes puissances.

Cette région subit donc la dégradation des relations internationales depuis 2022 et cristallise les tensions des États riverains qui n’ont pas attendu l’attaque contre l’Ukraine.

Ainsi, entre 2020 et 2021, la Norvège, la Suède et le Danemark ont remis à jour leurs stratégies sur l’Arctique en débutant la modernisation de leurs forces armées et en augmentant leurs capacités dans cette région.

L’Arctique s’est progressivement remilitarisé et son avenir conflictuel, ou non, dépendra de la durée et de l’ampleur de la guerre en Ukraine.

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