Le 19 avril 2024, à 05 h 23, l’aviation israélienne a mené une frappe air-sol visant un site de défense aérienne S-300 situé dans le coin nord-ouest de la 8e base aérienne de Hashtam Shikari dans la province d’Ispahan où l’Iran dispose de nombreuses installations militaires et nucléaire.

Les médias d’État iraniens ont déclaré que des drones israéliens survolant la région ont été abattus par la Force de défense aérienne de la République islamique d’Iran. Cette version n’a pas été confirmée par la suite les autorités ne montrant aucune épave de drone abattu ce qui aurait du être le cas.

De leur côté, des responsables américains ont confirmé qu’au moins trois missiles provenant d’avions israéliens avaient touché l’Iran mais qu’aucune frappe n’avait ciblé un site nucléaire. Il semble que l’objectif de cette opération consistait à démontrer à Téhéran qu’Israël disposait bien des moyens pour atteindre des installations sensibles sur toute la profondeur du territoire iranien. Il est possible que cette opération ait également servi de test en grandeur nature pour voir quelles pouvaient être les réactions des défenses anti-aériennes des pays survolés, vraisemblablement la Jordanie, (peut-être le sud de la Syrie), l’Irak et bien sûr l’Iran.

Deux propulseurs de missiles israéliens air-sol a été d’ailleurs été découverts à 80 kilomètres au sud de Bagdad, indiquant que des avions israéliens avaient tiré leurs missiles en Iran depuis l’espace aérien iraquien.

Il s’agirait de boosters de Blue Sparrows mis en œuvre par le chasseur-bombardier F-15D.

Mais selon d’autres analystes, il pourrait également s’agir de missiles balistiques air-sol « Rocks. » Sa vitesse élevée et sa trajectoire de manœuvre rendent son interception très difficile, surtout pour la défense sol-air iranienne qui est globalement assez faible.

Plus tard dans la journée, ce sont des bases des Forces de mobilisation populaires qui ont été ciblées dans les gouvernorats de Bagdad et de Babil en Irak ainsi des installations radar de l’armée syrienne dans les gouvernorats d’As-Suwayda et de Deraa (sud de la Syrie.)

Contexte
Le 1er avril, le Consulat d’Iran à Damas était détruit par une frappe aérienne attribuée (mais non revendiquée) à Israël. Quinze Iraniens dont sept membres du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) parmi lesquels deux officiers généraux avaient été tués. Les pays alliés d’Israël ont soutenu que ce bâtiment n’était pas couvert par la Convention de Vienne régissant les relations diplomatiques car il accueillait un bureau de Gardiens de la Révolution… Les Iraniens parlent eux des bureaux de l’Attaché de défense, des pasdarans étant toujours officiellement accrédités dans ses représentations diplomatiques sous cette fonction.

Affirmant que à travers son bâtiment diplomatique c’est le « territoire » même de l’Iran qui avait été touché (en fait, les enceintes diplomatiques ne constituent pas un « territoire » du pays représenté mais une extraterritorialité où le pays hôte ne peut pas pénétrer sans l’accord de l’ambassadeur), Téhéran répliquait en déclenchant le 13 avril des tirs de missiles balistiques, de croisière et des drones depuis son territoire sur l’État hébreu. Ses proxies du Hezbollah libanais et les Houthis yéménites participaient à l’opération.

Israël était peu impacté, environ 98% des munitions tirées ayant été interceptées par le « Dôme de fer », par les aviations israélienne, américaine britannique et française.
Mais cette « première » ne pouvait rester sans réponse car la crédibilité de la dissuasion israélienne aurait été mise en défaut.

Conclusion

La riposte semble bien modeste du côté d’Israël. Il convient d’attendre que la fête juive « Pessah » qui a lieu du 22 au 30 avril soit passée pour savoir si l’État hébreu s’en tiendra à cette opération limitée où s’il s’agissait d’un prélude à quelque-chose de plus important. C’est la hantise des pays alliés d’Israël – et en particulier des États-Unis – qui craignent alors un embrasement général de la région.

1. Voir : « affrontement directs entre l’Iran et Israël » du 15 avril 2024.

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