Le Conseiller d’État de 1re classe de la Fédération de Russie Timour Vadimovich Ivanov (né le 15 août 1975), vice-ministre de la Défense de la Russie depuis 2016, a été arrêté le 23 avril 2024 par les autorités russes sous l’accusation de corruption. Il aurait accepté des pots-de-vin « à une échelle particulièrement importante.»
Mais cette version est contestée car le fait de corruption ne semble pas suffisant pour emprisonner un hiérarque de son rang (la corruption est considérée comme quasi « normale » dans de nombreux ex-pays de l’Est dont la Russie.)
Il serait l’un des gérants de la « flotte fantôme » qui achemine du gaz et du pétrole russe vers des pays tiers, en particulier vars la Chine l’Inde et des pays africains.
Le réel motif de son arrestation serait la « trahison » au profit d’une puissance étrangère…
Il est en effet possible qu’il ait voulu continuer à vivre dans le luxe auquel il s’est habitué depuis de longues années et qu’un service étranger assez pourvu en dollars ait répondu à son attente…

Timour Ivanov avait été nommé en 2012 gouverneur adjoint de l’oblast de Moscou par le gouverneur en titre de l’époque, Sergueï Choïgou. Ce denier est devenu ministre de la défense en novembre 2012.
En 2016, Ivanov quitte ses fonctions pour devenir vice-ministre de la défense (de Choïgou) succédant à Alexeï Dioumine considéré comme un éventuel successeur possible pour Vladimir Poutine (ce dernier a le temps étant né en 1972.) Il avait en charge la gestion immobilière des installations militaires. À ce titre, il brassait beaucoup d’argent et gérait en particulier des prêts hypothécaires militaires. C’est lui qui a géré les finances de la reconstruction de la ville de Marioupol qui a été détruite à 80% lors de l’invasion russe en 2022.

En octobre 2022, l’Union européenne l’avait placé sous sanctions lui reprochant d’être un des responsables de l’invasion de l’Ukraine. Certes, il n’avait pas de rôle opérationnel ou stratégique direct mais c’est lui qui était chargé de la reconstruction des zones « libérées. »
Une question se pose aussi : comment a-t’il pu obtenir une « médaille de Crimée » en 2014 alors qu’il n’a été désigné vice-ministre de la Défense qu’en 2016 ? Il est vrai qu’en 2014, parallèlement à ses fonctions de gouverneur adjoint de l’oblast de Moscou, il dirigeait la société d’investissements JSC Oboronstroy qui gérait de nombreux projets immobiliers pour l’armée russe.

a/s sa deuxième épouse

En avril 2023, des militants anti-Kremlin ont exhorté l’UE à imposer également des sanctions à son ex-femme Svetlana Aleksandrovna Zakharova Maniovich.
En 2009, Ivanov avait en effet épousé en deuxième noces, Svetlana Zakharova, une femme d’affaires propriétaire du Metropol Fashion Group.
Elle possède aussi la citoyenneté israélienne. Le couple a eu deux filles nées en Israël (donc comme ses deux autres enfants de Zakhrova nés d’une union précédente, ont la nationalité israélienne.)

Dans le passé, elle aurait entretenu une liaison avec Anton Malevsky, le présumé parrain du groupe Izmaylovskaya, le « syndicat criminel le plus puissant de Russie » implanté à Moscou. C’est lui qui lui aurait permis d’ouvrir son premier magasin d’habillement de luxe au sein de l’hôtel Metropol de Moscou. Il est décédé lors d’un accident de parachute en Afrique du Sud en 2001. Sportif émérite, il avait plus de 300 sauts à son actif.

À 22 ans, elle avait épousé Mikhail Maniovich dont elle a eu deux enfants en Israël. Cet homme d’affaires est soupçonné être le trésorier occulte du groupe criminel moscovite Izmaylovskaya…

Elle a été photographiée avec Alimzhan Tokhtakhunov alias « Taivanchik » (le « petit taïwanais ») soupçonné être un Vory v zakone (bandit dans la Loi) qui vit très librement en Russie assurant n’être qu’un honnête homme d’affaires…

La Fondation anticorruption a demandé à la Guardia di Finanza italienne de bloquer les avoirs d’Ivanov mais des membres de sa famille y avaient échappé Svetlana ayant officiellement divorcé en juin 2022 reprenant le nom de son nom premier mari Maniovich.
Ce divorce n’aurait eu pour but que de l’exempter de toute sanction internationale. Elle aurait continué à mener un grand train de vie en Europe avec son dernier époux.

Ainsi, selon une enquête menée par les autorités, le couple aurait dépensé plus d’un million d’euros en vacances, louant des villas et des yachts, ainsi que l’achat de bijoux et de vêtements, tandis que les comptes personnels de Svetlana étaient approvisionnés par une société engagée dans la reconstruction de Marioupol.

Il sera difficile de connaître la vérité. Ce qui semble logique est que le couple semblait facile à approcher pour un grand service de renseignement, soit lors de ses séjours à l’étranger (en France, en Italie, en Turquie, en Belgique, etc.) soit en Israël même.
Mais pourquoi cet « homme de confiance » du ministre de la défense russe et son « ex-épouse », certes ayant eu des relations avec le gang criminel moscovite connu pour avoir été préservé pendant des années par le Kremlin, sont-ils tombés – tous leurs biens sont confisqués en Russie – et pourquoi que maintenant?
Cette affaire met en lumière des contacts entre le monde politique russe, le crime organisé lié à des truands ayant obtenu un passeport israélien et éventuellement des services de renseignement… La corruption semble y jouer un rôle central.

La corruption n’est pas limitée à la Russie

Le parquet ukrainien a annoncé, le 26 avril, le placement en détention de Mykola Solsky, le ministre de l’Agriculture en exercice accusé s’être approprié des terrains appartenant à l’État avant d’être nommé au gouvernement.

C’est loin d’être la première fois qu’un scandale de corruption secoue Kiev. En septembre 2023, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait démis son ministre de la Défense Oleksiï Reznikov pour le remplacer par Roustem Oumerov. Des soupçons de corruption avaient plané sur Oleksiï Reznikov au sujet d’un contrat portant sur les fournitures de l’armée signé avec une entreprise turque.
Aujourd’hui, la lutte contre la corruption est l’une des conditions majeures posée par les Vingt-Sept à Kiev dans le cadre de sa demande d’adhésion à l’Union européenne.

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