Le 22 mai, le colonel des Gardiens de la Révolution Islamique (Pasdarans) Hassan Sayad Khodayari a été assassiné par balles au volant de son véhicule alors qu’il rentrait à son domicile à Téhéran.

Selon les autorités, il appartenait à la force Al-Qods, le « service action » des pasdarans. À ce titre, il aurait séjourné en Syrie. Il aurait notamment servi sous les ordres du major-général Qassem Soleimani, le patron de la force Al-Qods tué par un drone américain à l’aéroport de Bagdad le 3 janvier 2020.

Ce seraient deux hommes sur une moto qui auraient procédé à cette exécution. Alors qu’elle rentrait chez elle vers 16 H 00, la victime assise au volant de son véhicule personnel aurait été atteinte de cinq projectiles. Les motards auraient rapidement pris la fuite.

Les Gardiens de la révolution ont dénoncé dans un communiqué publié sur leur site, un « acte terroriste » commis par des « éléments liés à l’arrogance mondiale » et une enquête est en cours pour identifier « l’agresseur ou les agresseurs ».
En avril, selon l’agence de presse semi-officielle Fars, le Ministère du renseignement iranien aurait annoncé avoir arrêté trois « espions du Mossad ».

Au moins six scientifiques liés aux programmes nucléaire et balistique militaires ont été assassinés depuis 2010.
Le dernier date du 27 novembre 2020. Le physicien Mohsen Fakhrizadeh (brigadier général des pasdarans ayant en charge de programme nucléaire iranien) a été tué par une arme automatique à proximité de Téhéran(1). La presse britannique citant des sources dans les services de renseignement a fait état de vingt personnes impliquées dans cette opération qui aurait duré huit mois.

Cette fois, les Iraniens n’ont pas accusé directement Israël ni les États-Unis de ce qui s’apparente à une opération homo menée assez « classiquement » en Iran. La rumeur prétend que c’est l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) qui fournit les exécutants pour ces actions pour le compte des services israéliens. Cela n’a jamais pu être prouvé puisqu’aucun des assassins n’a jamais été arrêté.
À noter que pour une fois, ce n’est pas un scientifique qui est assassiné mais un officier affecté aux opérations extérieures.

La presse israélienne est assez prolixe sur ce colonel qui serait « bien connu » des services de renseignement et soupçonné d’être impliqué dans la préparation d’attaques dirigées contre des cibles juives et israéliennes de par le monde. Plus précisément une tentative avortée destinée à tuer des hommes d’affaires à Chypre (dont le millionnaire israélien Teddy Sagi). Il serait aussi lié à un projet d’assassinat (déjoué par le Mossad) d’un employé consulaire israélien en Turquie.

Un fait étrange dans tous ces meurtres, c’est qu’ils sont tous survenus à un moment où Washington semblait vouloir discuter (indirectement) avec Téhéran. En ce moment, les tractations vont bon train pour réactiver l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ( Joint Comprehensive Plan of Action ou JCPOA), avec un retour possible des Américains dans les négociations. Cela explique peut-être les réactions modérées de Téhéran. Il n’empêche que d’importantes manœuvres militaires israéliennes simulant une attaque sur l’Iran vont se dérouler à compter du 29 mai jusqu’au 6 juin.

1. Voir « IRAN : La chasse est ouverte par le Mossad à Téhéran ? » du 30 novembre 2020.

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Texte

Alain Rodier

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