Les avions militaires chinois multiplient les incursions dans la Zone d'identification de défense aérienne de Taïwan. À l’évidence, il s’agit de provocations mais aussi et plus encore, d’exercices et de reconnaissances préludes à une éventuelle invasion de l’île qui, selon Pékin, fait partie intégrante de la Chine.

Le ministère taïwanais de la Défense a fait savoir que 39 avions avaient investi la partie sud-ouest de la zone d’identification de défense aérienne (ZIDA) en deux vagues. La première réunissait 18 avions de combat et deux appareils anti-sous-marins. Ils ont survolé une zone maritime située au sud-ouest de Taïwan, durant la journée du 2 octobre (jour de fête nationale en RPC). L’intrusion de la deuxième vague s’est produite dans la nuit du 2 au 3 octobre dans la même région. Il s’agissait à nouveau de 18 avions de combat et d’un appareil de première alerte.

Il s’agit par ailleurs du deuxième record consécutif en deux jours, 38 avions chinois ayant fait irruption vendredi dans la zone en question. Le premier ministre Su Tseng-chang a déclaré lors d’un point presse le 2 septembre matin (avant les intrusions de l’après-midi et de la nuit) « La Chine a été belliqueuse et a porté atteinte à la paix régionale tout en se livrant à de nombreux actes d’intimidation […] Il est évident que le monde, la communauté internationale, rejette de plus en plus ces comportements de la Chine ». À l’évidence Pékin a été convaincu par ces déclarations…

Ces deux incursions sont les plus importantes depuis que la Défense taïwanaise publie quotidiennement la situation sur son site le 17 septembre 2020. Le dernier record date du 15 juin avec 28 appareils chinois repérés.

À noter que depuis le début octobre, ce sont 145 appareils militaires chinois qui se sont aventurés sur zone (plus quatre chasseurs Shenyang J-16 entrés dans la même zone dans la nuit du 4 octobre).

Dans un rapport publié en août dernier, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé que Pékin tentait de réduire la zone aérienne dévolue aux activités militaires de Taipei. Selon les médias locaux, un expert a observé que l’armée chinoise pourrait ainsi s’entraîner à déployer de multiples unités par vagues successives pour préparer l’éventualité d’un conflit armé.

Car c’est bien là le problème historique : la République populaire de Chine (RPC) se réclame comme étant le seul gouvernement légitime de la Chine dans son intégralité et, en conséquence revendique tous les territoires administrés par Taïwan (la République de Chine). Réciproquement, la constitution de la République de Chine, revendique tous les territoires actuellement administrés par la RPC mais cette demande n’est que de pure forme.

Il semble que Pékin à la fois encouragé et inquiété par le retrait des forces américaines d’Afghanistan (1) ait décidé de passer à la vitesse supérieure dans sa volonté de récupérer l’île sécessionniste. Tactiquement Pékin sait que les États-Unis ne sont pas prêts à un conflit sur zone mais cette situation pourrait changer dans les années à venir.
Mais la véritable question est : est-ce que les dirigeants américains sont prêts à engager la vie de leurs soldats pour défendre les 23 millions d’habitants de Taïwan ? La Chine de son côté n’est pas encore capable de mener une invasion de grande ampleur car elle manque encore de capacités de transport et logistiques. Mais, l’APL travaille aujourd’hui d’arrache pied à renforcer ses capacités dans ces domaines. Et surtout, Pékin ne rechignera pas à sacrifier des milliers de combattants pour parvenir à ses fins.

1. encouragé par ce qui semble être une faiblesse du pouvoir politique américain mais inquiété par le redéploiement annoncé de ces forces en Extrême-Orient sans même parler du nouveau pacte AUKUS jugé agressif.

 

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