Washington a pris pour habitude de livrer une « implacable » guerre diplomatique contre tous les pays qui, bien qu’entretenant des relations officielles bilatérales via des ambassades, sont considérés comme des « adversaires ». En effet, le niveau le plus élevé d’une brouille politique est la rupture des relations diplomatiques avec le retrait des représentations du même nom, les intérêts de l’un et de l’autre étant représentés par un pays tiers. En Iran, c’est le cas depuis la Révolution Islamique qui a conduit à la prise d’otages des personnels américains de l’ambassade US à Téhéran. Les révolutionnaires islamiques n’avaient effectivement pas respecté le Droit international qui stipule que les représentations diplomatiques bénéficient de l’extraterritorialité et que leurs membres ne peuvent être détenus pour quelque motif que ce soit. Depuis, la Suisse représente les intérêts des États-Unis en Iran et le Pakistan ceux de l’Iran aux USA.
Quant un pays est ainsi mis à l’index, dans le cas présent par les États-Unis, les diplomates US en poste dans une capitale qui maintient des relations avec Téhéran (comme Paris) ne sont pas autorisés à rencontrer leurs homologues, ni a assister à une manifestation donnée par l’ambassade. Par exemple, les diplomates iraniens ne sont pas invités lors des cérémonies marquant la fête nationale américaine. Il se dit que les derniers sont « privés de petits fours » et cela donne lieu à des scènes cocasses quand les ambassadeurs ou leurs collaborateurs se croisent au cours de réceptions données par le pays hôte ou des pays tiers… Ils ne se voient pas, ne se saluent pas, c’est souvent du plus haut comique ! Toutefois, les services secrets – presque toujours présents au sein des représentations diplomatiques – ne sont heureusement pas tenus à ces règles. C’est d’ailleurs une de leurs raisons d’exister : maintenir des contacts avec les « infréquentables ». Cela permet aux autorités politiques respectives d’affirmer haut et fort qu’elles n’entretiennent aucunes relations « officielles » avec l’ennemi. Mais en cas de retour en grâce, il est utile pour les dirigeants savoir qui est qui et qui fait quoi.
Le niveau inférieur consiste à imposer aux diplomates (en l’occurrence chinois dans le cas évoqué) des restrictions de déplacements ou de réunions. Ainsi, au début septembre, Washington a imposé aux diplomates chinois d’obtenir une autorisation du Département d’État (ministère des Affaires étrangères US) pour se rendre dans une université ou pour organiser des manifestations culturelles réunissant plus de 50 personnes en dehors des locaux diplomatiques. Il faut savoir que c’est un usage courant d’organiser des symposiums via des groupes d’amitiés interétatiques où l’ambassade concernée – via son service culturel – est maître d’œuvre.
Le consulat de Houston avait déjà été fermé en juin par les autorités US pour suspicions d’espionnage ce qui prête aussi à sourire car toutes les représentations diplomatiques des pays qui en ont les moyens sont des « nids d’espions », tout est question de proportions. Et si l’on réfléchit un tant soit peu, même un ambassadeur peut répondre à la qualification d’ »espion » puisqu’il glane des informations de toutes sortes et qu’il est un agent d’influence politique, économique et militaire. Aujourd’hui, les diplomates chinois ne sont plus autorisés à communiquer avec des fonctionnaires fédéraux ou locaux ni même avec des membres des organismes de recherche ou d’enseignement sans une autorisation préalable des autorités gouvernementales…

Selon le principe de la réciprocité, Pékin a imposé les mêmes mesures pour tous les personnels américains servant à l’ambassade et dans les consulats en Chine (celui de Chengdu dans la province du Sichuan a été fermé quatre jours après celui de Houston) dont celui de Hong-Kong. Pékin a déclaré : « ces mesures constituent la réponse légitime et nécessaire de la Chine aux décisions erronées américaines ». Tout cela peut sembler un peu puéril dans la mesure où ces deux pays ne brillent pas par la qualité de leurs activités de recherche en renseignements par moyens humains depuis leurs représentations diplomatiques respectives. Les Chinois parce qu’ils sont un peu trop visibles (quelques succès des services chinois sont tout de même à signaler aux États-Unis mais ils concernent des citoyens américains d’origine chinoise qui avaient décidé de leur propre chef de renseigner Pékin) et les Américains parce que pour des raisons de sécurité, ils vivent barricadés dans des forteresses dont ils ne sortent que rarement en dehors des obligations diplomatiques habituelles.
Cela dit, Washington pousse Pékin dans ses retranchements en s’attaquant économiquement à Huawei ou TikTok, politiquement en soutenant les manifestants de Hong-Kong et Taiwan et militairement en multipliant les patrouilles et exercices en Mer de Chine.

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alain RODIER

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