Militaires et contestataires ont signé un accord historique pour la mise en place d’un pouvoir civil.
Les généraux du Conseil militaire de transition (qui ont pris la succession du président soudanais Omar el-Béchir) et les meneurs de la contestation se sont finalement accordés pour un transfert du pouvoir aux civils. L’accord a été signé par Mohammed Hamdan Daglo, numéro deux du Conseil militaire, et Ahmed al-Rabie, représentant de l’Alliance pour la liberté et le changement, fer de lance de la contestation. La signature des documents, qui définissent les 39 mois de transition à venir, a eu lieu lors d’une cérémonie à Khartoum, en présence de chefs d’État, Premiers ministres et autres dignitaires de plusieurs pays. Cet accord, conclu à la faveur d’une médiation de l’Éthiopie et de l’Union africaine, met fin à près de huit mois d’un mouvement de contestation inédit, qui a mené, le 11 avril dernier, à la chute du président El-Béchir, resté 30 ans au pouvoir, avant de se retourner contre les généraux du Conseil militaire de transition ayant pris sa succession. Après la désignation des 11 membres du Conseil souverain qui doit mener la transition (six civils et cinq militaires), Abdallah Hamdok, un ex-économiste de l’ONU, a été désigné comme Premier ministre. Il aura la lourde tâche de relever l’économie du Soudan, qui s’est écroulée après que la sécession du Sud a privé le pays des trois quarts de ses réserves de pétrole.
Beaucoup de Soudanais et d’observateurs doutent encore de la capacité des institutions de transition à limiter le pouvoir de l’élite militaire. En effet, si les militaires sont minoritaires au sein du Conseil souverain, ce dernier sera d’abord dirigé par un général pendant 21 mois. Qui plus est, ce sont les militaires qui choisiront les ministres de l’Intérieur et de la Défense…
D’ici là, le président déchu El-Béchir doit être jugé pour corruption. Fin avril dernier, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, avait affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avait été saisi en liquide dans la résidence de l’ex-président à Khartoum. Un mois plus tard, le procureur général de Khartoum déclarait qu’Omar el-Béchir serait inculpé également pour des meurtres commis lors des manifestations anti-régime. Mais les actes d’accusation les plus graves à son encontre sont ceux émis par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Il s’agit de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, pour son rôle dans la guerre au Darfour, qui a fait plus de 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés.
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Xinhua