Alors que la situation est très exacerbée entre Washington et Moscou poussant même le président américain à appeler son homologue russe le 30 décembre pour proposer « une voie diplomatique » portant sur les tensions en Ukraine (des négociations devaient débuter entre la Russie et les États-Unis - et l’OTAN - le 10 janvier), le Pentagone a annoncé le 28 décembre 2021 que le groupe aéronaval de frappe « 8 » formé autour du USS Harry S Truman (CVN 75) resterait en Méditerranée en ne rejoindrait pas le Proche-Orient comme cela était programmé initialement.

L’ordre en aurait été donné par le secrétaire à la Défense Lloyd Austin. Il devait quitter la zone située entre la Grèce et l’Italie où il se trouve actuellement pour rejoindre la région du Golfe persique via le canal de Suez.

L’USS Harry S Truman qui est le vaisseau amiral est escorté par le croiseur lance missiles USS San Jacinto et les destroyers USS Cole, USS Bainbridge, USS Gravely et USS Jason Dunham. Ces navires avaient quitté Norfolk en Virginie le 1er décembre et avaient atteint la Méditerranée le 14 décembre. La frégate norvégienne HNoMS Fridtjof Nansen a rejoint le groupe naval américain.
Ce changement de mission serait destiné à rassurer les membres européens de l’OTAN face aux menaces de Moscou. La Méditerranée est la zone de la 6ème Flotte américaine dont l’état-major est installé à Naples. Elle peut être renforcée par des éléments des forces de l’OTAN dépendant du Srikfornato (Naval Striking and Support Forces NATO) basé à Oeiras au Portugal qui est hiérarchiquement placé sous commandement de la 6ème Flotte US.

À l’évidence, il s’agit là d’une « diplomatie de 100.000 tonnes » classique car, sur le plan purement tactique, les Américains n’ont pas besoin de cette force aéronavale pour faire face au problème de l’Ukraine en dehors du complément apporté aux unités déjà déployées à terre dans le cadre de l’OTAN. Par contre, c’est Israël qui doit être déçu car ce porte avion serait bien utile en Mer d’Oman alors que les négociations sur le nucléaire iranien (JCPOA) se poursuivent à Vienne.

Il faut maintenant attendre les propositions du président Biden qui est l’un des rares dirigeants politiques américains qui ait connu la Guerre froide alors qu’il exerçait déjà des postes de responsabilité. Il ne doit pas vraiment souhaiter le retour de cette période. Du côté de Moscou, le ton est désormais au durcissement à l’intérieur (par exemple, la fermeture de l’organisation de défense des droits « Memorial » puis celle du « Centre commémoratif des droits humains de Russie ») comme à l’extérieur et cela ne préfigure rien de bon.

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Alain Rodier

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