Maintenant que l’enthousiasme de la victoire est retombé, il semble que les autorités talibanes resserrent les rangs ayant constaté que certains chefs de guerre commençaient à en prendre un peu trop à leur aise.
À cette fin, le nouveau ministre de la Défense, le mollah Mohammad Yacoub (le fils aîné du mollah Omar, le fondateur des taliban afghans (1)) a largement diffusé un message qui est très clair.
1. Nous apprenons que certains commandants enrôlent des personnes très corrompues afin d’augmenter l’importance de leurs groupes. Je vous préviens, débarrassez vous de ces gens où je dissoudrai intégralement vos groupes.
2. Arrêtez de vous comporter comme des enfants ; arrêtez d’utiliser les véhicules gouvernementaux pour voyager à travers tout le pays et arrêtez de filmer des vidéos inutiles!
3. Si vous avez un conflit personnel avec quelqu’un, déposez une plainte et allez devant un tribunal. Si vous réglez le problème par vous même, nous vous poursuivrons.
4. Vous représentez l’Émirat donc présentez vous correctement, habillez vous correctement et parlez correctement. Soyez comme un vrai moudjahid!
5. Arrêtez de diffamer l’Émirat par vos [NdA : mauvaises] actions. Cet Émirat a été bâti sur le sang des martyrs, ne vendez pas le sang des martyrs !
6. J’entends beaucoup de récriminations venant de soldats [NdA : de base], ils insultent l’Émirat tout entier par l’action de quelques-uns et manquent de respect envers leurs leaders. Ayez patience ! N’étiez pas vous prêts à vous sacrifier pour ces leaders pendant la guerre? Ne vous ont-il pas conduit à la victoire ?
À l’évidence, les taliban sont à la recherche d’une reconnaissance à l’international. Ils ont même demandé à avoir le droit de s’exprimer devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.
Ce qui a changé chez eux depuis 2001, c’est leur communication qui s’est considérablement améliorée. Maintenant, il leur faut présenter une image plus présentable mais aussi de ne pas revoir l’apparition de chefs de guerre qui gèrent des portions de territoire indépendamment du pouvoir central à Kaboul.
Il n’en reste pas moins que le pays est soumis à une crise socio-économique et sanitaire de très grande ampleur. L’organisation des provinces tarde à se mettre en place, la fonction publique est déstabilisée et le système de santé aux abois. Les taliban le savent : ils dépendent désormais totalement de l’aide humanitaire internationale pour parvenir à faire vivre les populations.
1. Suivant l’exemple de son père, les photos de lui sont assez rares.
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