L'Iran a pendu le 21 janvier un citoyen Irano-Britannique condamné à mort pour espionnage pour le compte du SIS (Secret intelligence service, les services de renseignements britanniques également connus sous le signe MI6).

Ancien responsable de la défense iranienne, Alireza Akbari, 61 ans, avait été condamné pour « corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements » au Royaume-Uni.
Cet homme a été présenté par Téhéran comme ayant été un « espion clé » en raison de « l’importance de sa position » pour le SIS également connu comme MI6.

Le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly, a déclaré : « il s’agit d’un acte politiquement motivé par un régime barbare qui a un mépris total pour la vie humaine ». Washington a estimé pour sa part que cette exécution serait « inadmissible ».

Il est à remarquer que l’’Iran ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants si bien que les diplomates britanniques n’ont jamais pu rendre visite au prévenu dont ils disent ignorer la date même de l’arrestation… Celle-ci se situerait entre mars 2019 et mars 2020.

Selon l’IRNA, Alireza Akbari a combattu lors de la guerre entre Iran-Irak (1980-1988). Il a par la suite été nommé vice-ministre de la Défense pour les Affaires étrangères puis chef d’une unité dans un centre de recherche ministériel et enfin conseiller pour le commandant de la Marine. Il a aussi travaillé au sein du « secrétariat du Conseil national suprême de la sécurité », comme adjoint au ministre de la défense de 2000 to 2008 sous les ordres du général Ali Shamkhani (actuel Secrétaire du Conseil national suprême de la sécurité) sous la présidence de Mohammad Khatami (1997-2005).
Toujours selon l’IRNA, Akbari aurait rejoint la Grande-Bretagne en 2008 où il aurait obtenu la nationalité britannique. Il serait revenu en Iran à l’invitation d’un diplomate de haut niveau de ce pays en 2019. Ce dernier avait attiré sa confiance car ayant été partie prenante dans les négociations sur le nucléaire iranien qui ont amené l’accord JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) de 2015. C’est là que le mystère de la date de son arrestation demeure comme cela a été évoqué ci-avant. Selon les sources, Il aurait été rétribué pour ses services pour plus de deux millions de dollars ou par des flacons de parfum et des tee-shirts…

Des médias iraniens ont diffusé une vidéo le montrant avouant avoir eu des contacts avec des officiers de renseignement britanniques. Il aurait été notamment questionné sur le physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh assassiné par balles près de Téhéran en 2020 lors d’une attaque contre son convoi dont l’Iran a fait porter la responsabilité sur Israël. Il a ensuite affirmé téléphoniquement à sa famille que ces « aveux » avaient été obtenus sous la contrainte.

L’Iran annonce régulièrement l’arrestation d’agents soupçonnés de travailler pour des services de renseignements étrangers. Quatre personnes accusées de coopérer avec les services de renseignement israéliens ont été exécutées début décembre.

Rien ne prouve qu’Akbari ait été une source du MI6. Sauf miracle, personne n’en saura jamais rien à l’exception que quelques initiés au sein SIS lui-même. Mais cela démontre que dans certaines contrées, il est extrêmement dangereux d’être soupçonné d’être un « agent de renseignement » travaillant pour une puissance étrangère. Cela peut se payer de sa vie très souvent dans la clandestinité et sans aucune reconnaissance.
En règle générale, pour le service qui traitait la « source », le dossier sera classé aux profits et pertes… Par contre, les volontaires à approcher se feront moins nombreux.

Suite à cette sinistre affaire, Londres a considérablement durci sa position face à Téhéran et déclare vouloir reconsidérer son soutien à l’accord sur le nucléaire JCPOA.
Les relations entretenues par le monde occidental avec l’Iran se sont encore dégradées ces derniers mois en raison de la répression sanglante des manifestations intérieures, de l’augmentation du nombre d’exécutions, de la prise en otage de doubles nationaux et de la politique d’appui de la Russie dans conflit ukrainien.
Le Premier ministre, Rishi Sunak, a réagi à la pendaison d’Alireza Akbari, accusant l’Iran d’un « acte impitoyable et lâche, perpétré par un régime barbare sans respect pour les droits de son propre peuple ». L’ambassadeur britannique en Iran a été temporairement rappelé au Royaume-Uni pour des « entretiens urgents ».
L’ambassadeur américain à Londres a qualifié l’exécution d’« épouvantable et écœurante », tandis que président Emmanuel Macron l’a condamnée la qualifiant d’acte « odieux et barbare ».

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Texte

Alain Rodier

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