Selon Séoul, la Corée du Nord a tiré le 5 juin huit missiles balistiques à courte portée en une trentaine de minutes depuis l'aéroport de Sunan situé près de Pyongyang. Les missiles ont parcouru de 110 à 670 kilomètre à différentes altitudes, la plus élevée étant de 90 km, avant de s’écraser dans les eaux internationales de la mer du Japon.

En réponse et pour montrer qu’ils ne se laissaient pas impressionner, dès le lendemain (le 6 juin), la Corée du Sud et les États-Unis ont tiré en l’espace de dix minutes huit missiles balistiques dans la mer du Japon.

La réponse a été rapide car les tirs de dimanche de Pyongyang étaient exceptionnels. À savoir qu’il s’agissait d’un record de nombre de missiles lancés de manière aussi rapprochée, la dernière « salve » de ce type ayant eu lieu le 6 mars 2017. Quatre missiles balistiques à moyenne portée Rodong-1 avaient alors été mis en œuvre.
Les tirs de dimanche sont intervenus après trois jours de manœuvres navales à grande échelle menées par les marines américaine, japonaise et sud-coréenne au large de l’île d’Okinawa. Elle ont engagé le porte-avions à propulsion nucléaire américain Ronald Reagan, ce qui n’était pas arrivé depuis 2017 ! Il s’agissait également des premières manœuvres communes depuis la prise de fonctions début mai du nouveau président sud-coréen Yoon Seok-yeol. Ce dernier s’est engagé à se montrer plus ferme à l’égard de Pyongyang que son prédécesseur Moon Jae-in.

En mai, lors d’une visite de trois jours effectuée en Corée du Sud, le président Joe Biden avait assuré que Washington déploierait des « moyens stratégiques » si nécessaire pour dissuader la Corée du Nord d’attaquer son voisin du sud. Mais, seulement quelques heures après son départ de la région, Kim Jong-Un avait fait procéder au lancement de trois missiles, dont un Hwasong-17 (le dernier développement du Hwasong-15 puis 16) présenté comme son plus puissant missile balistique intercontinental pouvant théoriquement atteindre le territoire américain.

Depuis le début 2022, Pyongyang a tiré 18 missiles soit plus que pendant les deux années précédentes.

Cheong Seong-jang, chercheur à l’Institut Sejong a déclaré que : « cela montre l’intention de la Corée du Nord de neutraliser le système de défense antimissiles de la Corée du Sud et des États-Unis par de multiples attaques simultanées ».

Selon Washington et Séoul, Pyongyang pourrait procéder prochainement à un septième essai nucléaire, le dernier ayant eu lieu en 2017. La Corée du Nord aurait déjà testé un dispositif de mise à feu en préparation de la nouvelle expérience.

Parallèlement selon des images satellite, elle aurait repris la construction d’un réacteur nucléaire, projet interrompu depuis longtemps.

Kim Jong-Un avait cessé les essais nucléaires et tests de missiles à longue portée lors de la tentative de pourparlers avec le président américain Donald Trump, mais les discussions avaient été rompues en 2019.

Indéniablement, la situation internationale en général devient de plus en plus inquiétante. Si la guerre est déjà présente sur le « vieux Continent » – et elle peut dégénérer à tout moment – , en Extrême-Orient, on n’en n’est pas encore là. Mais quand toutes les parties auront affuté leurs armes et en particulier la Corée du Nord et la Chine(2), tout sera alors possible.

1. Voir : « Corée du Nord : tir de trois missiles hypersoniques » du 13 janvier 2022.
2. L’avenir des relations entretenues entre Pékin et Pyongyang restent un mystère. Pour le moment, ces deux pays restent officiellement des alliés mais Pékin peut également craindre que le développement de l’arsenal nucléaire nord-coréen représente à terme pour la Chine une menace…

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Texte

Alain Rodier

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