Le brigadier général Jawad Ghafari alias Ahmed Madani qui commandait les milices chiites encadrées par les pasdarans de la force Al-Qods est rentré en Iran à la mi-novembre à la demande du président Bachar el-Assad.

C’est un coup dur porté à l’Ian et à sa volonté de diriger les affaires en Syrie mais aussi au Liban et, par ricochet, en Irak. Depuis la mort du major général Qassem Soleimani, il semble que la situation des milices fidèles à Téhéran se dégrade.

En effet, les autorités politiques syriennes, libanaises et même irakiennes sont de plus en plus méfiantes vis-à-vis de Téhéran qui a mis en place des groupes d’influence qui font l’apologie de la doctrine du Wilayat al-Faqih (la Tutelle du Juriste). Cela implique que Téhéran souhaite que les populations vivant sous son aide fassent allégeance à al-Wali al-Faqih – le Guide suprême de la révolution iranienne, l’Ayatollah Ali Khamenei -.

Si l’intérêt stratégique de Téhéran dans la région est évident, le côté économique est moins mis en avant mais tout aussi essentiel pour l’Iran. Mais Damas considère que Téhéran profite de ses ressources naturelles et économiques sans payer de taxes.

Ghafari a par ailleurs reconnu avoir déployé des forces iraniennes en certains endroits sans l’accord explicite de Damas. Il aurait aussi donné son aval pour l’attaque le 20 octobre de la base américaine d’al-Tanf au sud-est de la Syrie à l’aide de drones de facture iranienne. Il se serait également livré à des trafics d’armes clandestins… Mais la vraie raison est ailleurs.

Le président Assad cherche maintenant à reconstruire les territoires de la Syrie qu’il a récupéré. Pour cela, il a besoin de calme et de stabilité. Or, la présence des Iraniens dont le souci premier est la guerre contre Israël est un facteur déstabilisant puisque l’État hébreu n’hésite pas à bombarder – même en plein jour – des objectifs liés aux Iraniens. Même la Russie ne semble pas chaude pour intervenir diplomatiquement dans cette affaire.

Cela s’est vu lors de la rencontre de Sotchi le 22 octobre entre le président Poutine et Naftali Bennett, le nouveau Premier ministre israélien. Elle aurait duré cinq heures et les deux parties se sont dits enchantées des résultats obtenus et des perspectives d’avenir évoquées. Depuis longtemps, Moscou restait silencieux sur les frappes israéliennes en Syrie et il n’était plus question de déclencher des tirs de riposte avec les S-300 qui avaient été livrés à grands renforts de publicité.

Cela s’explique par le fait que la Russie se trouve localement en position de compétition avec les Iraniens (sans oublier les Turcs).

À noter que parallèlement, le président syrien a écarté Ahmad Badreddin Hassoun, le grand Mufti de Syrie – la plus haute autorité religieuse sunnite de Syrie – en poste depuis 2005 qui lui avait pourtant apporté son plein soutien depuis la révolution de 2011. Cette personnalité était très contestée à l’étranger en raison de certaines de ses fatwas très violentes.

Ces deux gestes peuvent indiquer qu’au moment où Damas est en train de renouer des relations avec certains pays arabes (Émirat Arabes Unis, Jordanie, Égypte, etc.), le président Assad donne des gages de sa bonne volonté.

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