Les taliban sont désormais à la tête de l’Afghanistan même si des pôles de résistance se font jour ici et là, particulièrement dans la célèbre vallée du Panshir, fief du clan du feu Commandant Massoud.

Si ces derniers ne reçoivent aucune aide extérieure, ce qui semble probable à l’heure actuelle pour des raisons politiques et stratégiques (par où passer alors que les pays avoisinants sont au minimum neutre mais avec une majorité d’hostiles ?), ils sont perdus au moins à court ou moyen terme.
Les taliban s’installent donc au pouvoir pour faire vivre les quelques 38 millions d’administrés. La Constitution qui va gérer l’« Émirat islamique d’Afghanistan » est simple : l’application stricte de la charia. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils soient sensibles aux admonestations des pays occidentaux qu’ils ont vaincu militairement car ces derniers n’ont pas, pour l’instant, la volonté de revenir.
À la tête de ce nouvel État se trouve le mollah Hibatullah Akhundzada auquel tous les taliban, qu’ils soient afghans ou pakistanais, ont fait allégeance. À noter que la nébuleuse constituée par Al-Qaida « canal historique » a fait de même comme cela a toujours été le cas.

Le chef des opérations militaires pour le sud du pays serait le mollah Mohammad Yaqoob, le fils du mollah Omar créateur du mouvement.

Le leader du réseau Haqqani qui a toujours fourni les forces vives des taliban est Sirajuddin Haqqani. Il dirige aussi les opérations dans l’est du pays en liaison avec les taliban pakistanais et le discret soutien de l’ISI, les services de renseignement de ce pays.

Les principaux nouveaux ministres afghans seraient des anciens pensionnaires de Guantanamo dont cinq ont été échangé en 2014 contre le sergent Bowe Robert Bergdahl, un déserteur qui avait été capturé cinq ans plus tôt par le réseau Haqqani : le mollah Muhammad Akhnad, ministre de la Défense, le mollah Abdul Haq Wasiq, ministre de l’intérieur, le mollah Noorullah Noori, ministre du renseignement, le mollah Mohammad Fazl, ministre des Communications et Wali Khairkhwa Khirullah Said assurant la liaison avec le mouvement Haqqani.
Étant donné le désordre actuel qui est la règle en Afghanistan, il n’est pas certain que ces attributions soient correctes mais cela démontre l’« inclusivité » qui guide aujourd’hui les taliban pour construire leur nouveau gouvernement.

Et enfin, le mollah Abdul Ghani Baradar alias Mollah Baradar Akhund qui a été chargé de négocier le retrait des Américains. Prisonnier au Pakistan depuis 2010, il avait été libéré à la demande de Washington pour lancer le dialogue en prenant la direction du bureau des taliban de Doha. Il a ensuite développé des liens avec Pékin et Moscou. De fait, il est actuellement le « ministre des Affaires étrangère » dont l’objectif est de donner une image présentable des taliban dont il est un des membres fondateurs. Si le sort lui est favorable, il est possible qu’il soit appelé dans l’avenir à de plus hautes fonctions.

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Alain Rodier

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