À l’image des Américains avec leur quatre Boeing E-4 NOAC (National Operations Airborne Center) du 1er commandement aérien qui sont des postes de commandement aéroportés avancés destinés à accueillir le président américain et de hautes autorités (1), les Russes possèdent actuellement quatre avions IL-80 « Maxdome » dont trois en activité.

Basés sur l’Il-86 qui a équipé durant de longues années l’Aeroflot, ce sont aussi des états-majors volants qui peuvent être utilisés lors du déclenchement d’une crise majeure même allant jusqu’à l’apocalypse nucléaire. Ces appareils sont renforcés pour subir des conditions extérieures fortement dégradées.

Fabriqués durant l’ère soviétique et bien que n’affichant que peu d’heures de vol au compteur (surtout destinées à entraîner les équipages), les avions russes accusent tout de même leur âge. Les trois encore opérationnels sont immatriculés RA-86147, RA-86148 et RA-86149, le RA-86146 ayant été « cannibalisé » pour fournir des pièces de rechange plus fabriquées à ses homologues. Ils dépendent de la huitième division des missions spéciales installée sur la base aérienne de Chkalovsky située à une trentaine de kilomètres au nord-est de Moscou.

En 2020 un de ces avions a connu une étrange aventure alors qu’il était en phase de maintenance sur la base aérienne de Taganrog située à six kilomètre au nord-ouest de cette agglomération de l’oblast de Rostov au sud du pays. Des individus ont pénétré à l’intérieur de l’aéronef pourtant « sévèrement gardé » et ont dérobé 39 appareils électroniques et cinq postes radio. Les déclarations officielles ont affirmé qu’aucun des matériels volés n’avait une importance essentielle. Les auteurs de ce vol audacieux n’ont pas été officiellement retrouvés. La piste criminelle serait privilégiée mais il est possible que des services de renseignement étrangers aient ensuite racheté aux cambrioleurs leur butin.

Cela représente toujours un grand intérêt d’étudier sur pièces les technologies de l’adversaire potentiel de manière à savoir à quel niveau il se trouve. À titre d’exemple, la guerre menée en Afghanistan par l’Armée Rouge de 1979 à 1989 avait permis aux services occidentaux d’évaluer les forces et les faiblesses des armements soviétiques. Comme prévu, ils étaient très rustiques mais leurs capacités techniques étaient beaucoup moins avancées que ce que l’on croyait.

Selon l’agence de presse RIA Novosti citant une source militaro-industrielle bien placée (et agissant certainement sur ordre), il a été révélé qu’un nouvel avion baptisé pour l’instant « doomsday » (jugement dernier) s’inspirant de l’IL-96-400M fabriqué par la bien connue société aéronautique Iliouchine, serait bientôt opérationnel. Le gouvernement devrait recevoir deux appareils. Ces nouveaux exemplaires devraient avoir une autonomie bien supérieure aux IL-80 pouvant même être ravitaillés en vol. Les communications seraient considérablement améliorées permettant de contacter des sous-marins évoluant à plus de 6.000 kilomètres de distance.

Cela dit et pour éviter de se lancer dans les films catastrophe, il y a très peu de cas où les plus hautes autorités étatiques – américaines ou russes – empruntent ce moyen qui reste beaucoup plus vulnérables que des abris souterrains en dur. Il est difficile d’imaginer des responsables politiques de haut niveau se risquer à utiliser ce moyen alors que leurs administrés se feraient atomiser. Par contre, ils peuvent être utiles comme PC volant dans des situations moins chaotiques.

1. Air Force One n’a pas les capacités de rusticité et de communications des Boeing E-4. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un de ces appareils accompagne le Air Force One (qui présente l’avantage d’être plus confortable) lorsque la situation internationale l’exige.

 

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Texte

Alain Rodier

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