Deux pays d’Asie centrale jouxtant l’Afghanistan se sont inquiétés le 5 juillet de la conquête progressive du nord du pays par les taliban alors que les forces de l’OTAN plient bagages très rapidement.
C’est ainsi que la base aérienne de Bagram située au nord de Kaboul, la plus importante d’Afghanistan qui avait accueillie jusqu’à 20.000 militaires et personnels civils, a été évacuée au début juillet en une nuit par les Américains qui n’ont pas jugé utile de prévenir le responsable militaire afghan. Sans doute craignaient-ils qu’il y ait des fuites et que les taliban en profitent pour les attaquer au cours du repli, phase délicate lors de laquelle les forces sont toujours très vulnérables.
Le président Vladimir Poutine s’est entretenu sur ce sujet avec ses homologues tadjik et ouzbek. Il a promis une aide aux autorités tadjiks afin qu’elles puissent faire face aux combats qui se rapprochent de son territoire. Déjà, 1.600 militaires afghans ont fui les combats en se réfugiant au Tadjikistan. Ce nombre pourrait s’accroître très rapidement et les autorités craignent que des taliban se dissimulent au milieu de ce qui commence à ressemble à un exode. Il faut reconnaître que les rumeurs les plus folles se répandent.
Ainsi, malgré les promesses faites par les taliban pour se présenter sous un jour favorable, ils auraient commencé à exécuter des prisonniers, en particuliers ceux qui servaient des les forces spéciales formées par les Occidentaux. Il semble qu’ils les considèrent comme des traîtres irrécupérables.
Face à cette situation, le Tadjikistan a déjà pris des mesures de sûreté mettant en alerte ses forces de sécurité et envoyant 20.000 hommes supplémentaires à sa frontière sud.
Les Russes sont déjà sur place sur la 201e Base militaire au Tadjikistan qui regroupe habituellement quelques 7.000 hommes. Non seulement ces effectifs pourraient être rapidement augmentés, mais il est question que l’armée russe s’installe sur deux autres infrastructures tadjikes.
Début juillet, les taliban tiennent déjà la moitié de l’Afghanistan (1) alors que le retrait officiel des Américains est prévu être terminé le 11 septembre 2021. Les forces afghanes s’effondrent, le plus souvent sans combattre à tel point que les moudjahiddines sont eux-mêmes étonnés de la rapidité de leurs succès. Cela s’explique par l’idéologie salafiste qui « porte » les taliban alors que les soldats et policiers gouvernementaux ne songent plus qu’à sauver leur peau et celle de leurs familles. Beaucoup passent de l’autre côté pour s’acheter une conduite…
Enfin, il faut se rappeler que la Russie, l’Arménie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan forment l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) un peu semblable à l’OTAN. Quand un de ses membres est attaqué, tous les pays de l’OTSC doivent lui apporter leur aide.
Aujourd’hui, avec le retrait des forces de l’OTAN de la région, la Russie se présente comme la seule puissance militaire capable de défendre le Caucase et l’Asie centrale contre d’éventuelles actions de déstabilisation qui pourraient provenir d’Afghanistan.
Un peu d’Histoire
Le 15 février 1989, les dernières troupes du « contingent limité de forces soviétiques en Afghanistan » franchissaient le Pont de l’Amitié qui relie l’Afghanistan à l’Ouzbékistan, pays faisant alors encore partie de l’URSS. L’intervention de l’Armée rouge avait duré dix ans et se soldait par un échec. Le Kremlin n’abandonnait pas complètement le régime à son sort car il continuait à le financer. Cela permettait à ce dernier de tenir les grandes villes et d’acheter les services de chefs de guerre puissants. Mais, après l’effondrement de l’URSS, le flot d’argent se tarissait brusquement et finalement, Kaboul finissait par tomber.
L’Histoire ne se répète jamais mais elle doit tout de même être étudiée pour éviter de faire les erreurs qui ont été commises précédemment…
1. Lire aussi : Afghanistan : offensive des taliban dans la province d’Helmand
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