Depuis mars 2021, la Côte d’Ivoire a subi une augmentation des attaques jihadistes qui semblent poursuivre leurs opérations lancées au Sahel en poussant vers le sud avec sans doute pour objectif d’atteindre un jour le Golfe de Guinée. Ainsi, depuis le 9 mars, neuf attaques jihadistes ont eu lieu dans le pays alors qu’il n’y en avait globalement qu’une par an jusqu’à maintenant.
La première opération islamique rapportée en Côte d’Ivoire date du 13 mars 2016 quand un activiste d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) est l’attaque perpétrée au Grand Bassam en 2016 par Al-Qaida au Maghreb Islamique causant la mort d’au moins 19 personnes.
Depuis, cette année, les actions terroristes ont eu lieu dans les districts des Savanes et de Zanzan à la frontière sud-ouest du Burkina Faso. C’est surtout la Groupe de soutien à l’islam et aux musulman (GSIM, Jamāat nuşrat al-islām wal-muslimīn) dépendant d’Al-Qaida au Maghreb Islamique, AQMI, qui est présent sur zone. Il avait été découvert dans le passé que le GSIM – et plus particulièrement sa composante, la katibat Macina ou Front de libération du Macina – avait installé une base près du village frontalier d’Alidougou situé à l’ouest de Sessegbo. La même katibat utiliserait également le parc National de Comoé situé à 100 kilomètres nord-est de Bondoukou en Côte d’Ivoire comme un refuge et un lieu de transit.
En mai 2020, les forces armées ivoiriennes et burkinabés avaient lancé une vaste opération de nettoyage de part et d’autre de la frontière qui avait provoqué de nombreux affrontements avec les jihadistes mais un bilan assez maigre avec seulement huit « terroristes » neutralisé et une trentaine d’arrestations. Cela n’avait pas entamé la vigueur de la katibat qui, le 11 juin 2020, avaient tué dix militaires lors de l’attaque d’un poste près de la ville de Kafolo dans le district de Savanes.
Depuis avril 2021, la katibat Macina a utilisé au moins à quatre reprises des engins explosifs improvisés (IED) dans la région de Kafolo citée plus avant et dans le district de Zanzan, technique importée du Sahel.
Suivant l’action terroriste de juin 2020 à Kafolo, Yamoussoukro a déclaré ses districts nord « zone militaire ». La France et la Côte d’Ivoire ont parallèlement ouvert le 10 juin 2021 l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) à Jacqueville près d’Abidjan, – la décision avait été prise en novembre 2017 par les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara.
De nombreux analystes craignent que les jihadistes ne profitent de la situation politique et ethnique tendue en Côte d’Ivoire pour accroître leur influence d’autant qu’une réaction militaire disproportionnée pourrait augmenter le mécontentement au sein de la population et rendre la cause jihadiste plus attractive dans la jeunesse qui y trouverait le moyen d’exprimer sa révolte.
Enfin, les services de renseignement français font état de leur inquiétude concernant l’extension des mouvements jihadistes, non seulement en Côte d’Ivoire mais aussi dans les pays voisins. Ainsi, des activistes se seraient installés au nord du Bénin et le Togo et le Ghana ont accru leur dispositif sécuritaire à leur nord.
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