Le 25 juin vers 17 H 00, Abdirahman Jibril A., un réfugié somalien de 24 ans en situation régulière en Allemagne depuis mai 2015 a dérobé un couteau de cuisine dans un grand magasin de Würzburg en Bavière. Il a poignardé à mort trois femmes (dont la vendeuse du magasin) et blessé sept autres personnes.

La police l’a neutralisé en lui tirant dans les jambes. Les autorités ont tout d’abord et comme d’habitude, affirmé que cet individu faisait l’objet d’un suivi psychiatrique (voir plus après). Dans un deuxième temps, une perquisition menée au refuge pour sans-abri où il vivait a permis de découvrir des documents de propagande de Daech.

On apprenait ensuite que lors de son premier interrogatoire, l’homme aurait dit qu’il avait réussi son « jihad ». Selon des témoins et des policiers, il criait « Allah Akbar » durant sa cavale meurtrière.

La police était effectivement intervenue en janvier dans le foyer où il résidait car il s’était montré menaçant avec un couteau. Il s’était déjà fait remarquer à plusieurs reprises pour des actes de violence. Il n’y avait eu aucun blessé mais l’intéressé avait fait l’objet d’une admission en psychiatrie. Il avait été remis en liberté après un jour d’examens, les médecins estimant qu’il ne présentait aucun risque pour lui-même ou pour les autres…

Déjà le 18 juillet 2016, Riaz Khan Ahmadzai, un demandeur d’asile pakistanais âgé de 17 ans, avait utilisé une hache et un couteau pour attaquer les passagers d’un train dans cette commune de Würzburg. Cinq personnes avaient été blessées et l’attaque avait été revendiquée par Daech.

Selon les termes du professeur Gilles Kepel, il semble que cette action s’inscrit dans un « jihadisme d’ambiance ». L’activiste s’est lui-même auto-radicalisé avant de passer à l’acte pour suivre les instructions lancées « en l’air » par les leaders salafistes-jihadistes. Or, la documentation la plus disponible et attractive pour l’instant est celle diffusée par Daech sur les réseaux sociaux.

Le même jour, une patrouille allemande de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) a été attaquée par un véhicule chargé d’explosifs (VBIED) à environ 180 km au nord de Gao. Selon l’ONU, les Casques bleus allemands avaient installé une « base temporaire » près du village d’Ichagara afin de « sécuriser le passage de la 3e compagnie du Bataillon de l’armée malienne en route pour Kidal ». La veille, cette unité avait été visée par une attaque à l’engin explosif improvisé. Cette attaque a fait 13 blessés (12 Allemands et un Belge). C’est la première fois que le contingent allemand de la MINUSMA est visé. Il avait déjà déploré la perte d’un hélicoptère Tigre en juillet 2017 pour des raisons de défaillances techniques.

Cette opération a été conduite une semaine après la première déclaration d’Abou Oubaïda Youssef al-Annabi, le nouveau chef d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) qui a, entre autres, appelé ses partisans à commettre d’autres attaques contre les forces internationales déployées au Mali (2).

Enfin, le 24 juin, la police allemande a arrêté à Kehl un homme de 21 ans qui réside en France. Il est soupçonné vouloir préparer un attentat « à motivation islamiste sur le territoire fédéral ». Il cherchait à se procurer un fusil d’assaut. L’homme a été présenté au parquet de Karlsruhe à un magistrat qui a émis un mandat d’arrêt. À ce stade, les enquêteurs n’ont pas découvert la cible visée par le suspect.

L’Allemagne connaît à l’heure actuelle d’importants problèmes avec les salafistes-jihadistes même si ce n’est pas vraiment nouveau. Il est vraisemblable que la situation va s’aggraver dans les temps à venir car il n’y a pas de solution, ni une politique laxiste comme celle d’Angela Merkel a été qualifiée en Allemagne, ni une « tout-sécuritaire » (qui est impossible techniquement à mettre en œuvre).

La question centrale reste depuis des années : quelles idées opposer à celles du salafisme-jihadisme qui est la seule idéologie « révolutionnaire » de notre époque qui permet de se venger de toutes les frustrations et injustices ressenties par une grande partie des populations immigrées ?

1. Le 21 juin, une patrouille du Groupement tactique désert Tigre de la force Barkhane avait été attaquée par un VBIED alors qu’elle se déplaçait dans la région de Gossi. Six militaires français ainsi que quatre civils maliens avaient été blessés.
2. Voir mon article sur raids.fr du 24 juin 2021 : « L’Émir d’AQMI s’exprime pour la première fois ».

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