L’ »agence de presse » de Daech Amaq a revendiqué le 3 novembre l’action terroriste de la veille à Vienne qui a fait quatre tués (plus l’activiste) et 22 blessés. Il est qualifié de « soldat du califat » et identifié comme « Abou Dujana al-Albani ». Une photo est publiée le montrant tenant un fusil d’assaut Zastava M70B1/AB2 (calibre 7,62×39 mm mais pouvant lancer des grenades à fusil), un pistolet semi-automatique de la famille T-33 (calibre 7,62×25 mm TT) et une machette alors qu’il prête allégeance à Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, l’émir de l’État Islamique. À noter que ces armes anciennes sont en mauvais état présentant des signes d’usure et de rouille. Cela ne les malheureusement pas empêchées de fonctionner correctement. La photo est inversée (c/f la fenêtre d’éjection du pistolet vers la gauche à moins qu’il existe des modèles pour gauchers…).

Les autorités autrichiennes ont donné son identité : Kujtim Fejzulai, un Autrichien d’origine de Macédoine du Nord âgé de 20 ans. En 2019, il a été arrêté en Turquie alors qu’il tentait de rejoindre la Syrie. Rapatrié, il a été condamné à 22 mois de prison et incarcéré le 25 avril 2019 avant d’être relâché par anticipation le 05 décembre de la même année après avoir subi un programme de déradicalisation.

À l’évidence, il a pratiqué la « taqiya » qui permet à tout musulman de dissimuler ses pensées réelles. Bien que d’origine chiite, ce concept a été enseigné dans les camps de formation d’Al-Qaida « canal historique » et repris par Daech.

Au moment des faits qui ont débuté à 20 h à proximité de la grande synagogue de Vienne (qui était fermée), il portait une fausse ceinture d’explosifs. Il cherchait à l’évidence à finir en « martyr » après avoir assassiné un maximum de « koufars » (mécréants). Il a été neutralisé par la police à 20 h 9.

Le 4 novembre, 18 personnes étaient en garde à vue dans le cadre de l’enquête dont deux Suisses de 18 et 24 ans arrêtés à Winterthour près de Zurich. Même s’il n’est pas parvenu à rejoindre un théâtre de guerre, la revendication de Daech (ni Daech ni Al-Qaida « canal historique » n’ont revendiqué ceux qui ont eu lieu en France) laisse à penser qu’il était en contact direct avec un organe de commandement de ce mouvement. Il est aussi étrange qu’il soit parvenu à se procurer des armes à feu et leurs munitions alors qu’il était désargenté et connu des services de police autrichiens. L’enquête devrait découvrir quels ont été ses soutiens et ses financements.

Cet attentat par sa spécificité inquiète au plus haut point les capitales européennes qui ont élevé pour la plupart leur niveau d’alerte terroriste. Presque heureusement, le confinement est en vigueur presque partout ce qui, dans un premier temps, permet de limiter les cibles potentielles. Mais cela ne va pas durer et si Fejzulai était en contact avec Daech, il doit en avoir d’autres.

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Alain Rodier

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