Un fait surprenant : le gang du « commandement rouge » remplace l’autorité de l’Etat en décrétant un couvre-feu dans la « cité de Dieu » (Cidade de Deus, 40.000 habitants), cette favela de Rio de Janeiro qui a été rendue célèbre par le film de Fernando Meirelles en 2002. Officiellement, le nombre de morts au Brésil à la fin mars ne dépasse pas les cinquante victimes, chiffre forcément faux car aucun recensement sérieux n’a été effectué. Brasilia a néanmoins décidé la fermeture des lieux de loisir pour deux semaines. Le « commandement rouge » a donc décrété un couvre-feu à partir de 20 H 00 à l’aide d’un véhicule équipé d’un haut parleur qui à sillonné la favela en lançant le message suivant : « toute personne trouvée participant à un rassemblement ou déambulant dehors sera punie ». Le gang qui est tout puissant au Brésil, tenant en particulier les établissements pénitentiaires, affirme agir pour combler l’incurie du gouvernement Bolsonaro.
Deux des sept millions d’habitants de Rio vivent dans des favelas insalubres, la majorité n’ayant pas l’eau courante. L’épidémie risque de provoquer un ravage sanitaire. D’ailleurs, le « commandement rouge » n’a pas été le seul gang à passer les consignes de confinement.
Dans le quartier Morro dos Prazedes, les habitants sont uniquement autorisées à se promener en couple. Dans la favela Santa Marta située au pied du Christ rédempteur, des affiches indiquent « SVP, lavez vous les mains avant d’entrer ». Il semble que ce message est destiné aux acheteurs potentiels drogue qui viennent s’approvisionner dans le quartier de manière à qu’elles n’y fassent pas entrer le virus. Dans le « Complexo da Maré », une favela qui jouxte l’aéroport international de Rio, les gangs ont « demandé » aux commerçants et aux églises … de réduire leurs activités. Seuls les magasins d’alimentation peuvent rester ouverts jusqu’à 23 H 00. Les autres favelas où un couvre-feu a été établi sont celles de Pavão-Pavãozinho à Copacabana, Cantagalo à Ipanema et Vidigal.
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