Le 13 février, un commando d’une vingtaine d’hommes lourdement armés du gang MS-13 (Mara Salvatrucha ; ses membres sont appelés des « Mareros ») a effectué un raid meurtrier sur le tribunal de la ville d’El Progresso située au nord-ouest du Honduras. Il avait pour objectif de libérer un de ses principaux leaders, Alexander Mendosa alias « le Porc ». Arrêté lors de l’« Opération Avalanche » en 2015 et condamnés en 2018 à vingt ans de prison pour association criminelle et blanchiment d’argent (c’est lui qui coordonnait au niveau national le trafic de drogues au Honduras). Il devait comparaître lors d’une audience préliminaire pour plusieurs meurtres qu’il  aurait personnellement commandité par téléphone depuis le pénitencier où il était détenu.

Les assaillants avaient revêtu des uniformes des forces de sécurité (police et armée). Lors de la sortie en force au cours de laquelle le prévenu, préalablement libéré de ses menottes et armé d’un fusil d’assaut et d’une arme de poing a fait le coup de feu, au moins quatre officiers de police ont été abattus et trois autres blessés. Un des assaillants a été retrouvé mort dans un des véhicules qui a servi à exfiltrer le commando. En effet, les attaquants ont abandonné les véhicules et les armes qu’ils avaient utilisé pour effectuer leur opération. Il est difficile d’imaginer qu’ils n’ont pas bénéficié de complicités internes pour parvenir à s’introduire jusqu’au détenu placé sous bonne escorte dans le tribunal par ailleurs hautement sécurisé.

Le MS-13 a été fondé dans les années 1980 à Los Angeles par des jeunes qui avaient fui la guerre civile au Salvador (qui avait débuté en 1979) et s’étaient réfugiés illégalement aux États-Unis. Quand le conflit s’est éteint en 1992, beaucoup de ceux qui étaient en prison pour des condamnations de droit commun ont été expulsés vers leurs pays d’origine. Le problème est qu’ils ont ramené avec eux la « culture des gangs » très présents à Los Angeles. Le MS-13 a progressivement étendu son influence du Salvador au Honduras et au Guatemala – tout en revenant s’installer sur la côte ouest des États-Unis – en se faisant remarquer par son extrême sauvagerie. Il compterait quelques 70.000 membres. Leur réputation de professionnalisme et de cruauté fait que presque tous les cartels de la drogue latino-américains recrutent des sicarios (hommes de main) dans leurs rangs. Son plus grand adversaire et concurrent est le Barrio 18 (gang de la 18è rue) qui a le même nombre de membres et couvre les mêmes zones géographiques.

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Texte

Alain Rodier

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