Fin février, la bataille pour la province d’Idlib se poursuit dans la plus grande confusion. Les forces gouvernementales sont parvenues à récupérer tout le sud-est de la province et momentanément la localité de Saraqeb qui se trouve à la jonction des autoroutes M5 (Alep-Damas) et M4 (Alep-Lattaquié). Si une grande partie de la M4 est toujours sous contrôle rebelle, il semblait que la M5 était pour la première fois depuis 2012 dégagée – surtout depuis que les banlieues-Ouest d’Alep avaient été libérées au début février – à tel point que des travaux d’infrastructure avaient débuté pour la rouvrir à la circulation. Peine perdue, le Front de Libération national (FLN), une coalition rebelle patronnée par la Turquie a repris Saraqeb refermant le passage. En représailles, l’aviation syro-russe a bombardé la zone occasionnant la mort de deux militaires turcs ce qui monte les pertes d’Ankara à 19 tués depuis le début février (plusieurs postes d’observation turcs issus des accords d’Astana sont actuellement assiégés par l’armée syrienne). Le président Recep Tayyip Erdoğan après avoir menacé de reprendre l’offensive pour « chasser » l’armée syrienne en dehors des frontières qu’il a lui-même fixé, ce qui est étonnant sur le plan de la légalité internationale, se contente maintenant de dire que son armée ne quittera pas la province d’Idlib. Des négociations impliquant la Turquie, la Russie, la France et l’Allemagne devraient se tenir début mars mais elles semblent mal engagées. Erdoğan se trouve confronté à la « mauvaise volonté » de Poutine qui a refusé de le rencontrer. Il lui reproche de ne pas avoir fait le « tri » entre les « bons » et les « mauvais » rebelles. Pour la première fois depuis 2002, à une opposition intérieure atteint les 50 pour cent – et encore plus lorsqu’il s’agit de l’intervention turque en Libye où deux militaires turcs ont aussi trouvé la mort -. Sur le plan humanitaire, la situation est critique, des camps de dizaines de milliers de réfugiés syriens s’étant adossés à la frontière turque qui reste hermétiquement fermée. Ankara accueille déjà 3,6 millions de réfugiés et ne peut se permettre de faire plus. La situation de la province d’Idlib est une marmite bouillante le point d’exploser sans que personne ne soit en mesure de concevoir quelles en seront les conséquences. Même le président Erdoğan joue sa suite…

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