Gendarmerie, police, unités spécialisées, et même la… DGSE ! Tous les services devant tirer manquent de stands de tir en ligne, et de centres tactiques ; si bien qu’à force de le dire, des acteurs privés ont entendu le message. D’autant plus qu’une nouvelle problématique est apparue « avec la montée en puissance des gardes armés », constate Arnaud Dessenne, qui préside Erys Group, une des trois sociétés en France qui a pu assurer ce type de prestation depuis 2015 avec Byblos (qui fournit Eurodisney) et LPN (qui a sécurisé un temps Charlie Hebdo), présidé par l’ancien commando parachutiste du 2e REP Tibor Vass. Les principaux demandeurs de gardes armés sont les OIV (opérateurs d’importance vitale) qui s’intéressent à cette prestation, du fait de l’environnement terroriste, ou sur consigne de leurs autorités de tutelle.
Plusieurs projets, plus ou moins avancés, incluant ou non de la formation autorisée par le CNAPS (qui agrémente les sociétés de sécurité), sont donc en train de sortir de terre. RAIDS en a identifié au moins quatre. L’un est mené par la société de sécurité LPN. Erys Group, associé à un autre opérateur du domaine, a aussi un projet dans ses cartons. « Devant les demandes de plus en plus importantes de gardes armés, Erys Group développe un projet de centre de formation de gardes armés », nous a confirmé Arnaud Dessenne. Le dirigeant ajoute vouloir investir dans des parcours de personnels ayant un bon historique dans le port d’armes. « La loi ne nous y oblige pas, mais on veut se prémunir contre d’éventuels problèmes, et on ne peut pas faire un opérateur en quelques centaines d’heures. C’est aussi pour Erys Group une façon de promouvoir la reconversion des forces armées et de sécurité. »
Enfin, RAIDS a pu découvrir un projet en cours de finition dans le sud de Paris, associant Raphaël Destombes (Sub-TAC), ancien dirigeant du distributeur d’équipements parisien USMC, à Damien Druon, dirigeant du distributeur Sunrock. Initialement, les deux partenaires avaient envisagé d’utiliser d’anciens locaux du SHAPE dans les Yvelines, avant de trouver un centre dans une zone d’activités au sud de Paris. Cette colocalisation doit permettre des synergies entre les deux sociétés. Le site, réalisé dans un ancien entrepôt, compte à la fois des stands de tir en ligne, et un centre tactique dont les protections balistiques sont faites de pneu recyclé. Un ou plusieurs véhicules pourront entrer dans la ligne la plus large, sans pour autant y réaliser des manœuvres importantes. Le centre tactique (CQB) sera entièrement modulaire, avec des panneaux déplaçables, ancrés dans le sol. Des ambiances lumineuses et sonores ainsi que des cibles particulières seront aussi disponibles, le tout veillé par un système de vidéosurveillance.
Dans le centre pourront aussi évoluer des personnels non habilités à l’usage d’armes à feu, qui pourront utiliser des munitions de simulation américaines UTM distribuées par RUAG et Sunrock (encore une autre synergie). Un partenariat entre les deux sociétés européennes serait d’ailleurs en cours de projet, évoque Damien Druon. Enfin, le site comprendra aussi un dojo, un club-house.
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Jean-Marc TANGUY