Une opération menée par les polices militaire et civile brésilienne s’est déroulée le 21 juillet dans le complexe des favélas de Alemão, au nord de Rio de Janeiro. Elle avait comme objectif de s’attaquer à un gang spécialisé dans le braquage de véhicules de transport de marchandises et de fonds.

Elle a eu lieu dans les quartiers de Grande Méier, Irajá et Pavuna.  Environ 400 policiers et équipes du Bataillon des opérations spéciales de la police militaire (BOPE) et de la Coordination des ressources spéciales (CORE) de la police civile, quatre hélicoptères et dix véhicules blindés ont été engagés dans l’opération dont le bilan a été très lourd puisqu’au moins vingt personnes dont une policière et une habitante auraient été tuées. Seize victimes sont suspectées être des hors-la-loi.

Le commissariat de police implanté dans le quartier d’Alemão a été attaqué par des criminels qui ont également mis le feu à du pétrole déversé sur la voie publique et déclenché des incendies pour gêner les mouvements des forces de l’ordre. De nombreuses fusillades ont eu lieu, les hélicoptères étant en particulier pris à partie depuis le sol.

L’opération s’est ensuite étendue aux quartiers de Juramento, Juramentinho, Flexal et Morro do Trem engageant des policiers militaires du 3e BPM, du 41e BPM et d’autres unités du 2e commandement de la police de zone du nord et de l’ouest de la capitale.

Le porte-parole de le police a déclaré : « ces criminels ont commis des vols dans des établissements commerciaux, des banques dans différentes régions, comme cela s’est produit récemment à Quatis, dans le sud de Rio de Janeiro, à Morro da Conceição à Niterói et également à Baixada Fluminense. Ils ont diversifié leurs actions pour mener une politique expansionniste et fournir un abri aux marginaux d’autres États ici à Rio de Janeiro ».

Fabricio Oliveira, le coordinateur de l’unité spéciale de la police civile (CORE) a déclaré : « la police doit réagir pour se protéger et protéger la population ». Il a aussi qualifié cette opération comme « emblématique » car elle s’est déroulée dans une zone traditionnellement interdite aux forces de l’ordre.

Pour sa part, le sous-secrétaire aux opérations de la police civile, Ronaldo Oliveira, a affirmé qu’il aurait été préférable les forces de l’ordre « aient capturé les 15 ou 14 criminels mais malheureusement ils ont choisi de tirer sur les policiers ».

Cette favéla avait déjà été l’objet d’une importante opération policière en mai faisant 25 victimes dont 23 suspects.

Le Brésil se classe dans les pays les plus meurtriers de la planète, le dernier taux d’homicides officiellement paru en 2018 étant de 24,7/100.000 habitants bien avant le Mexique qui a pourtant une sinistre réputation.

Si les favelas sont tenues par des gangs locaux, il existe aussi de grandes Organisations Criminelles Transnationales (OCT) qui sont souvent nées en prison(1). Ainsi, un cartel domine la scène : le Premier Comando de la Capitale (Primeiro Comando da Capital, PCC)(2). Il fait si peur, même aux truands – y-compris aux plus anciens qui ont de l’expérience – que certains ont préféré se rendre aux autorités pour « vivre tranquillement leurs derniers jours » à l’abri des barreaux dans des prisons qui leur sont dédiées.

Quant aux forces de l’ordre, elles sont réputées pour leur brutalité extrême.

(1). Globalement, les prisons du continent latino-américain – et plus particulièrement les établissements pénitentiaires brésiliens – sont des « territoires » gérés par des organisations criminelles. Il n’est pas rare qu’elles s’y affrontent laissant des dizaines de morts sur le terrain.
(2). Une autre grande organisation est le Comando Vermelho né d’une association de criminels à des activistes d’extrême-gauche qui se sont rencontrés en prison.

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Texte

Alain Rodier

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