Le 20 juin 2022, l’horreur s’est mêlée à la profanation dans la mission catholique de San Jose de Cerocahui, petite ville qui dépend de la municipalité d’Urique dans l’État de Chihuahua. Un homme poursuivi par des membres d’un cartel a été assassiné à bout portant dans l’église. Deux des trois prêtres qui tentaient d’intervenir ont été abattus à leur tour. Tous les trois connaissaient le meurtrier depuis qu’il était enfant : José Noriel Portillo Gil alias « El Chueco », le chef du groupe « Salazar » dépendant à l’origine du cartel de Sinaloa. Il avait rejoint ses sicarios en 2012 à l’âge de 26 ans.
L’affaire est complexe. Deux frères Gutiérrez avaient remporté un match « amical » de baseball contre une équipe soutenue par « El Chueco », le chef du gang « Salazar ». Peu de temps après, un des deux frères a été assassiné chez lui et sa maison incendiée. L’autre, Pedro Eliodoro Palma Gutiérrez, qui était un guide touristique réputé de la région a été attaqué dans la rue de Cerocahui et, blessé a cherché refuge dans l’église San Jose. Trois prêtres jésuites ont voulu le secourir mais des membres du gang dont « El Chueco » ont pénétré dans l’église, et achevé Gutiérrez puis assassiné les deux religieux les plus âgés : Javier Campos Morales connu comme le « Père Gallo » (79 ans) et le père Joaquín César Mora Salazar (80 ans). Les trois dépouilles ont été emmenées en pickup par les pistoleros. Elles ne seront retrouvées que plus tard par les autorités.
Plus tragique encore est le fait qu’« El Chueco » serait resté une heure dans l’église avec le prêtre survivant, le père Jesus Reyes, et lui aurait demandé à se confesser. Selon le père, c’est lui qui aurait assassiné les trois malheureux…
La région de Chihuahua regorge de nombreux gisements d’or, d’argent, de zinc et plusieurs cartels dont « la Linéa » et celui de Sinaloa se disputent les bénéficies du racket, des enlèvements d’ouvriers et autres activités mafieuses.
« El Chueco » n’en est pas à son coup d’essai. Il a été accusé du meurtre en novembre 2018 d’un professeur nod-américain de Caroline du Nord qui faisait du tourisme dans la région le soupçonnant d’être un « agent de la DEA »
Ces dernières exactions font qu’une prime de cinq millions de pesos est offerte pour toute information permettant sa capture.
Depuis 2006, plus de 300.000 personnes ont été tuées ou ont disparu « sans espoir de retour » au Mexique du fait des cartels de la drogue. Il n’y a pas de solution tant qu’il y aura des clients à fournir sur le continent nord-américain et en Europe. Au Mexique, personne n’est à l’abri et aucun lieu n’est sûr. On le savait pour les zones touristiques, les commissariats de police, les centres de désintoxication pour les victimes de la drogue mais pas encore pour les lieux de culte.
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