Les Gardiens de la Révolution islamique iraniens (Pasdarans) ont mené un important exercice baptisé « Grand Prophète XV » entre le 20 et le 24 décembre. En fin de manœuvres, seize missiles de courte et moyenne portée (Emad, Ghadr, Sejil, Zelzal, Dezful and Zolfaghar dont les portées varient de 200 à 2.000 kilomètres) et cinq drones « kamikazes » Shahed 136 ont été mis en œuvre contre une cible représentant la centrale nucléaire israélienne de Dimona.

Le major général Hossein Salami, le chef des Gardiens de la Révolution a déclaré qu’il s’agissait là d’un « avertissement sérieux aux responsables du régime sioniste ».

Le major général Mohammed Hussein Afchardi plus connu sous le nom de Mohammed Hussein Baqeri, le chef d’état-major des forces armées (mais issu des pasdarans) a affirmé pour sa part le 25 décembre à la télévision iranienne que : « ces exercices ont été conçus pour répondre aux menaces proférées ces derniers jours par le régime sioniste».

Il a précisé que : « Seize missiles ont visé et anéanti la cible choisie. Lors de cet exercice, une partie des centaines de missiles iraniens capables de détruire un pays qui oserait attaquer l’Iran a été déployée». Il faisait bien sûr référence à Israël.

À noter que certains lanceurs étaient camouflés en véhicules civils dont le « camion benne » qui transportait les drones. Enfin se pose la question de l’efficacité d’une frappe contre la centrale de Dimona qui, encore plus que le reste du territoire d’Israël, est très protégée.

Le point négatif est la saturation possible de la défense anti-aérienne et le point positif est la précision toute « relative » des armements iraniens. De toutes façons, il est peu probable que Téhéran envisage une « première frappe » sur Dimona. Cela ne semble envisageable qui si les hostilités ont débuté entre les deux pays.

Sur le plan diplomatique, le Foreign Office britannique a condamné l’utilisation par l’Iran de missiles balistiques en ces termes : « c’est une violation flagrante de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui exige que l’Iran n’entreprenne aucune activité liée aux missiles balistiques qui peuvent être capables de transporter des armes nucléaires, y compris les lancements utilisant la technologie des missiles balistiques […] Ces actions constituent une menace pour la sécurité régionale et internationale et nous appelons l’Iran à cesser immédiatement ses activités ».

Ce n’est pas la première fois que les Iraniens utilisent des cibles significatives à des fins de propagande. À deux reprises, ils avaient mis en scène l’attaque d’un modèle réduit de porte-avion américain.
La représentation de la centrale nucléaire de Dimona est encore plus parlante au moment où les négociations portant sur le nucléaire iranien dans le cadre du JCPOA ont repris pour un huitième round à Genève. Israël s’oppose à ces négociations et à toute levée de sanctions qui pourraient s’ensuivre. Les Israéliens continuent aussi à affirmer que l’option d’une frappe des installations nucléaires iraniennes est sur la table, même s’ils y vont seuls.

La réponse israélienne est venue dès le petit matin du 27 décembre quand une frappe – vraisemblablement de missiles – a visé le port de Lattaquié libanais (1). Un premier bombardement non revendiqué mais attribué à l’État hébreu avait déjà eu lieu le 7 décembre. Cela donne l’impression aux observateurs que, d’un côté l’Iran se livre à des grandes manœuvres médiatisée et de l’autre qu’Israël frappe des objectifs sensibles sans le revendiquer(2).

1. Voir : « Syrie : avertissement à l’Iran » du 10 décembre 2021
2. Lattaquié est le débouché naturel sur la Méditerranée du « corridor » qui relie le Liban à l’Iran via la Syrie et l’Irak.

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Texte

Alain Rodier

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