Le 7 décembre à 01 h 23, les Israéliens ont frappé la zone de stockage de containers du port de Lattaquié en Syrie. Ce premier bombardement israélien d’un port méditerranéen syrien depuis 2011 est un avertissement clair lancé à Téhéran. L’État hébreu ne laissera pas s’installer un « terminal » portuaire au corridor que l’Iran s’est ingénié à créer entre Téhéran et la Méditerranée via l’Irak puis la Syrie.

La présence iranienne en Syrie attire les foudres d’Israël depuis des années. Rien que depuis 2018, l’aviation de Tsahal aurait largué plus de mille munitions contre des casernes et des convois d’armes iraniennes en Syrie. Le dernier raid (le 27e depuis le début 2021) a frappé les installations portuaires de Lattaquié qui est placé sous la supervision des Gardiens de la révolution (Pasdarans). Un chargement d’armes et de munitions iraniennes destinées aux milices chiites actives en Syrie aurait été en partie détruit.

Cette mission était périlleuse car l’objectif se trouve à une vingtaine de kilomètres de la base aérienne russe de Hmeimim qui est défendue par une robuste bulle anti-aérienne. Toutefois, les Russes n’ont jamais interféré directement lors de bombardements israéliens d’objectifs liés aux Iraniens. Il est même vraisemblable qu’ils ont été prévenus à l’avance de cette opération par la voie de la liaison technique qui a été établie entre le corps expéditionnaire de Hmeimim et Tel-Aviv dès l’intervention russe en Syrie de septembre 2015.

Même le président Bachar el-Assad qui doit largement sa survie au régime de Téhéran commencerait à être irrité par cette confrontation qui oblitère la reconstruction de la partie du pays qu’il contrôle. Le brigadier général Jawad Ghafari alias Ahmed Madani, le représentant de la force Al-Qods en Syrie, l’a payé de son rappel en novembre(1).

Israël n’a de toutes façons aucune intention de laisser l’Iran installer ce corridor, et son débouché maritime – même s’il se trouve au Liban – sera systématiquement harcelé.

Plus largement, l’État hébreu menace régulièrement de frapper directement des objectifs militaro-industriels iraniens à l’intérieur même de son territoire ce qu’il fait depuis des années par des moyens de la guerre secrète. Il a assuré que l’aviation américaine s’entraînait avec Tsahal pour mener ces éventuelles opérations. C’est oublier un peu vite que les Américains ne souhaitent que se retirer du Proche-Orient, la prochaine étape étant le départ d’Irak où les missions de combat ont officiellement cessé le 7 décembre. Sur le plan strictement tactique, les Israéliens ne peuvent s’engager en Iran qu’après avoir obtenu l’aval de la Maison-Blanche.

1 – Voir : « Syrie : Bachar el Assad en quête de légitimité ? » du 16 novembre 2021

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