Le 17 mai 2021, l’Unité spéciale de la garde nationale a accroché un groupe islamiste terroriste dans le massif du Chaambi au dessus de la ville de Kasserine (située à 220 kilomètres à l’ouest de Tunis).  Proche de la frontière algérienne, cette région est considérée depuis des années comme le repaire de la katibat Okba Ibn Nafâa qui dépend d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI).

Cette opération à laquelle ont participé des unités de l’armée tunisienne couvertes par un appui aérien s’est soldée par la neutralisation de cinq jihadistes. Selon Tunis, ces unités d’élite de la garde nationale et de l’armée auraient ainsi décapité la katibat Okba Ibn Nafâa en mettant hors d’état de nuire Abdelbaki Bouziane alias Abou Ahmed el Annabi, l’émir algérien de ce groupe terroriste depuis 2019 (il avait succédé à Mourad Ben Hammadi Chaieb surnommé Aouf Abou Mouhajir tombé lors d’une embuscade en octobre 2019 dans la région de Gafsa) ainsi que son financier, al-Sassi Bin Jilani Salubah alias Ammi Said. Ces deux responsables sont des jihadistes algériens qui ont rejoint la Tunisie en 2014.

Trois autres terroristes de nationalité tunisienne ont été tués lors de cette opération : Taleb Yahiaoui alias Abou Jasser, Tarik el Slimi alias Abou Saïf el Sahraoui et Badreddine Ounissi alias Walid. Les forces de sécurité ont saisi six fusils d’assaut AK-47 ainsi que des téléphones portables.

La survie de cette katibat dépend maintenant de la capacité d’Abou Oubaïda Youssef el-Annabi, le nouvel émir d’AQMI qui a succédé à Abdelmalek Droukdel en novembre 2020, à désigner des remplaçants et surtout, à poursuivre son approvisionnement en armes et en personnels.

Cette katibat créée en 2012 est toujours restée relativement peu active profitant surtout de la faiblesse de l’État pour s’implanter dans les massifs de l’ouest du pays et y recruter des activistes locaux. Jusqu’en 2016, l’essentiel de ses activités consistait à monter des embuscades et des attaques sporadiques contre des membres des services de sécurité. Depuis cette unité a perdu de son importance et le dernier coup qui vient de lui être porté est extrêmement dur.

C’est surtout le Jund al Khilafa (les soldats du califat), groupe ayant quitté katibat Okba Ibn Nafâa en 2014 en s’affiliant à Daech, qui reste le plus opérationnel étant présent dans les gouvernorats de Sidi Bouzid et de Kasserine. Ses membres sont majoritairement des Tunisiens.

Historiquement, le jihadisme tunisien est majoritairement orienté vers l’extérieur, en Irak, en Syrie, en Libye et au Sahel (où le Ansar al-Charia tunisien s’est peu à peu dissous au sein des autres formations jihadistes).

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Texte

Alain Rodier

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