Le samedi 29 février, Washington avait signé à Doha un accord avec les taliban qui devait permettre l’ouverture de négociations directes entre Kaboul et ces dernières accompagnées par un retrait progressifs des forces américaines.

Mais le 12 mai, deux attaques meurtrières dirigées contre des civils ont été menées par des rebelles. Au moins 13 personnes (peut-être 26) dont des personnels soignants, des familles et des nouveau-nés ont été tués dans l’attaque d’un hôpital à Dasht-e-Barchi, un quartier à l’ouest de Kaboul habité en particulier par la minorité chiite hazara souvent prise pour cible par l’organisation État Islamique ces dernières années. Trois hommes armés déguisés en policiers avaient fait irruption dans le bâtiment tirant sur tout ce qui bougeait. Ils ont ensuite été neutralisés par les forces de sécurité. Une partie de l’hôpital est gérée par l’ONG Médecins sans frontières.

Le même jour, au moins 24 personnes sont mortes (68 blessées) lors d’une attaque suicide lors des funérailles d’un commandant de police dans la province de Nangarhar située dans l’est du pays.

Les deux attentats ont été revendiqués par Daech et condamnés par les taliban.

Cela n’a pas empêché le président afghan, Ashraf Ghani d’annoncer à la télévision au soir du 12 mai la reprise de l’offensive des forces gouvernementales contre les insurgés : « Aujourd’hui, nous avons été témoins d’attaques terroristes par les taliban et Daech contre un hôpital à Kaboul et des funérailles dans le Nangarhar, ainsi que d’autres attaques dans le pays […] J’ordonne aux forces de sécurité de mettre fin à leur posture de défense active, de retourner à leur posture offensive, et de reprendre leurs opérations contre l’ennemi ».

Si les taliban ont bien nié être à l’origine de ces actions terroristes, ils avaient néanmoins intensifié depuis la signature de l’accord du 29 février leurs attaques contre les forces de sécurité afghanes..

Le secrétaire d’État Mike Pompéo a condamné les attaques « épouvantables » survenues mardi, tout en appelant le gouvernement et les taliban à coopérer dans la lutte anti-terroristes. À l’évidence, il souhaite que les taliban « fassent le ménage » en Afghanistan en s’opposant frontalement à Daech. Cela dit, il n’est pas certain que cela suffise au pouvoir en place à Kaboul pour revenir à une position plus modérée. Il est fort probable que ce soit effectivement Daech qui soit à l’origine de ces deux actions terroristes car l’objectif de cette organisation salafiste-jihadiste est de torpiller l’accord conclu en février et de poursuivre la guerre contre le gouvernement légal, contre les taliban et contre les Occidentaux en général et les États-Unis en particulier.

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Alain RODIER

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