Le 19 mars, en pleine crise du coronavirus, un clash est survenu à la Maison Blanche en rapport avec la stratégie adoptée vis-à-vis de Téhéran. Le clan des « durs » emmené par le secrétaire d’État Mike Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale, Robert C.O’Brien ont demandé avec insistance une réponse ferme à l’attaque à la roquette qui avait tué le 11 mars deux Américains (et un militaire britannique) sur la base de Taji située au nord de Bagdad. Ils ont affirmé que cela pousserait Téhéran accaparé par la crise du coronavirus à négocier. Plus précisément, Pompeo rejoint par le nouveau directeur du renseignement national, Richard Grenell, ont avancé qu’une frappe plus ciblée visant directement l’Iran – comme des navires de guerre – pourrait être décisive.

Mais le secrétaire à la Défense, Mark T. Esper, et le chef d’état-major, le général Mark A. Milley, s’y sont opposés fermement en affirmant que l’attaque contre la base de Taji revendiquée par la milice irakienne Khataib Hezbollah ne pouvait être attribuée avec certitude à l’Iran. Il convient de ne faut pas oublier que le chef de cette milice, mais aussi chef militaire des Hachd alChaabi  (milices de défense populaire qui se sont opposées à l’avance de Daech sur instruction de l’Ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite en Irak) Abou Mahdi al-Muhandis, a été tué lors de la frappe du 3 janvier qui a neutralisé le major général Qassem Soleimani, le chef de la force Al-Qods des pasdarans iraniens. Depuis, ses partisans irakiens crient vengeance.

Sur le fond, le président Donald Trump – élection présidentielle de novembre oblige – ne souhaite pas poursuivre une escalade militaire avec l’Iran après avoir ordonné la neutralisation du major général Qassem Soleimani. L’Iran avait répliqué avec une frappe de missiles balistiques le 8 janvier lancés sur la base d’Al Asad en Irak en prenant la précaution de prévenir Bagdad à l’avance – et par conséquent, les Américains avaient eu le temps de se mette à l’abri même si une centaine de militaires ont ensuite été évacués pour troubles auditifs et psychologiques -. De plus, le résultat obtenu par cette opération homo n’a pas été ce qui était attendu. Cela a, au contraire, monté les milices chiites en Irak contre les Américains et elles font désormais tout pour que les 5.000 hommes restant quittent le pays.

De son côté, le régime des mollahs est confronté durement par la crise du coronavirus à laquelle il ne peut faire réellement face malgré les effets de la propagande. En Iran, une personne décède du coronavirus toutes les 10 minutes et 50 autres sont infectées toutes les heures. Maintenir des sanctions économiques contre l’Iran relève d’une indicible cruauté. Et pourtant, Washington semble vouloir pousser l’avantage en décrétant de nouvelles sanctions… L’Histoire jugera.

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Alain RODIER

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