La paix n’est pas pour demain en Ukraine : telle est la conclusion provisoire du sommet qui s’est tenu à Paris début décembre 2019. En effet, cette réunion entre chefs d’État, organisée par le président Emmanuel Macron associé à la chancelière Angela Merkel, a vu s’opposer dans un dialogue de sourds, le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Hormis quelques décisions humanitaires, un échange de prisonniers, la démilitarisation de trois nouvelles zones et le renforcement de la surveillance contre les violations à répétition du cessez-le-feu, chacun est resté sur ses positions et rien n’a entamé le glacis russe.

Le jeune président ukrainien, élu sur la promesse d’en finir avec la guerre, réclamait, avant la tenue d’élections locales dans les zones contrôlées par les séparatistes, la reprise par son pays de sa frontière orientale. Vladimir Poutine a dit non, se contentant de réclamer l’application stricte des accords de Minsk signés en 2015 au moment où l’armée ukrainienne, après une série de défaites face à l’offensive des séparatistes et de l’armée russe, était sur le point de s’effondrer. Ces accords mentionnaient l’armistice immédiat, la démilitarisation des zones de combat et la création d’un statut dans les territoires tenus par les séparatistes, à savoir les deux Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk.

Venant du camp ukrainien, la première divergence d’interprétation est le statut spécial, terme on ne peut plus vague qui, selon Kiev, pourrait entraîner la fédération de l’Ukraine, et donc son éclatement à terme au profit de la Russie. Le deuxième point polémique est la frontière avec la Russie, dont le contrôle reviendrait à l’Ukraine, mais uniquement après des élections organisées dans le Donbass. D’où la crainte qu’elles ne soient contrôlées par Moscou et que les séparatistes n’exigent aussitôt la séparation de l’Ukraine. À toutes les demandes de Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine est resté inflexible. « À quoi bon reprendre ce qui a été écrit ? » a-t-il répété, en faisant référence aux accords de Minsk. Le président russe plaide pour donner un caractère permanent au statut spécial du Donbass. En attendant, plus de 80 000 hommes se font face sur un front de plus de 500 km.

Pour tenter de faire bonne figure face au chef du Kremlin, le président ukrainien a rejeté tout compromis territorial et a rappelé que « le Donbass et la Crimée sont des territoires de l’Ukraine ». Mais les Russes ont gagné la partie au sommet de Paris. Les Ukrainiens se sont résignés à faire de cette guerre un conflit gelé, et cela pour des années.

 

Éric MICHELETTI

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