On n’entend plus parler de Daech, et pourtant ses combattants sont toujours actifs et forment de nouvelles recrues.

Le « retour au désert » – en référence à la fuite de Mahomet de La Mecque pour Médine (l’Hégire, en 622) – est une stratégie prévue par Daech, et qui a été déclenchée lors du dernier siège de Baghouz au début 2019 mené par les Forces démocratiques syriennes (FDS) appuyées par la coalition internationale. Les combattants se sont répandus dans la nature sur le front syro-irakien, par groupes d’une dizaine d’hommes, dans des zones peu peuplées mais non désertiques pour pouvoir vivre sur la population. Des caches d’armes et de matériels avaient été préparées à l’avance.
Depuis, ces petits groupes multiplient les opérations de type hit-and-run dans des zones que les différentes forces en présence se disputent : en Syrie, la vallée de l’Euphrate et la région de Deir ez-Zor ; en Irak, entre le Kurdistan autonome et le reste du pays. À l’extérieur, les wilayas poursuivent le combat comme elles le faisaient auparavant et intensifient les recrutements, car il va falloir à Daech de la nouvelle « chair à canon » pour un djihad qui est prévu pour durer longtemps – jusqu’à la « victoire finale ». Pour cela, il faut former les nouvelles recrues. De nombreux camps d’entraînement voient ainsi le jour. Ils sont rudimentaires, mobiles, et ne regroupent que quelques dizaines de combattants afin de ne pas être détectés par l’ennemi. Un camp a été montré par la propagande de Daech. Il est situé en Somalie dans les montagnes de Bari, situées au sud de Bosaso, dans le Puntland. Il est baptisé « Dawoud al-Somali », du nom du responsable de ce camp qui a trouvé la mort lors d’un raid américain. En 2016, un autre camp du même type avait fait l’objet d’une vidéo de Daech, celui du « Commandant Cheikh Abou Nouman », un des premiers Shebabs à avoir prêté allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, ensuite assassiné par ces derniers. De nombreux autres camps sont ainsi opérationnels, particulièrement en zone AfPak et en Extrême-Orient

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Alain Rodier

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