Une trentaine d’innovations en 13 minutes chrono. Le président de la République, ses invités et les spectateurs du 14 Juillet en ont eu plein les yeux.

Une trentaine d’innovations en 13 minutes chrono. Le président de la République, ses invités et les spectateurs du 14 Juillet en ont eu plein les yeux. La plupart de ces matériels ne sont pas inconnus des lecteurs de RAIDS, mais cette accumulation en très peu de temps a permis de montrer une armée qui se transforme, et va encore se transformer, notamment sous l’aiguillon des forces spéciales, « éclaireurs d’innovations », et de l’Agence de l’innovation de défense (AID).

Les Polaris MRZR sont des véhicules militaires ultralégers, ultramobiles et hypervéloces pour mener des actions coups de poing. Ils sont aérolargables et aérotransportables, sous un hélicoptère ou dans un hélicoptère ou un avion de transport. Une demi-douzaine d’exemplaires ont été acquis pour expérimenter de nouveaux modes d’action.
Le premier a été livré en France quelques jours seulement avant le 14 juillet, permettant de l’intégrer aux ultimes répétitions sur les Champs-Élysées.

Le Flyboard air est une planche motorisée par des réacteurs. Son inventeur, Franky Zapata, a reçu 1,1 million d’euros de l’AD pour améliorer ses réacteurs, ce qui permettra de viabiliser plusieurs types d’applications : plate-forme logistique volante, évacuation médicale, engin d’assaut, notamment.

Le commandement des opérations spéciales (COS) a aussi listé dans les innovations les hélicoptères lourds Chinook que la Royal Air Force faisait défiler en deux exemplaires. « Véritable atout majeur dans les opérations modernes, il transporte de nombreux commandos, très loin dans la profondeur, et peut à la fois servir pour des ravitaillements, des infiltrations et des assauts. L’Armée de l’air étudie actuellement son acquisition pour les forces spéciales françaises. Il complèterait fort utilement la gamme des hélicoptères actuels », écrit le COS.

Le Service de santé des armées a présenté, quant à lui, un gilet « Shock Absorber » qui assure une protection balistique grâce à des bulles d’air absorbant et répartissant l’énergie des impacts des balles.

L’Armée de l’air était particulièrement à l’honneur avec plusieurs innovations du CPA 10, mais aussi le véhicule pick-up Scorpio lanceur de drone endurant, équipé de sa propre plate-forme de décollage, et plusieurs modèles de fusils brouilleurs de drones utilisés en opex à Chammal, le Dronegun et le Nerod F5 (également mis en œuvre par l’Armée de terre à Barkhane) de la société MC2 Technologies.

L’Armée de l’air a aussi fait évoluer un drone Matrice du chinois DJI, et un véhicule VT4 TOC pour transporter quatre combattants.

L’Armée de terre a fait défiler des Griffon, mais aussi son PVP (petit véhicule protégé) PLAE (patrouille légère d’appui électronique). Une PLAE du 54e régiment de transmissions comprend théoriquement trois PVP : un pour la coordination avec trois spécialistes, et deux PVP chargés de la détection, eux aussi avec trois spécialistes.

Les PVP PLAE peuvent scanner le spectre V/UHF ainsi que les SATCOM, et ils possèdent une capacité limitée, mais réelle, de brouillage.

Des robots de 2 kg, 7 kg et 15 kg ont aussi été mis en valeur face à la tribune présidentielle. Nexter a pu présenter son Nerva, et Shark Robotics, sa « mule » Barracuda.

De son côté, l’Institut Saint Louis (ISL), pas en panne d’idées actuellement, a fait évoluer son Stamina à pilotage optique. L’ISL a également dévoilé, sur la place des Invalides, l’Aurochs, une « mule » empruntant le pilotage optique de Stamina.

Pour l’heure, l’ISL dit encore peu de choses sur les performances de son engin, conçu en quelques mois seulement, mais assure que l’Armée de terre doit l’expérimenter dans les mois à venir. Le nanodrone Black Hornet a aussi été mis en vol.

La Section technique de l’armée de terre (STAT) a, pour sa part, exposé un kit énergie multisource développé pour les opérations extérieures. Il permet de collecter de l’énergie par des panneaux solaires, sur un réseau d’infrastructures, ou sur un véhicule. Trois exemplaires sont déjà en expérimentation au 152e régiment d’infanterie et des kits doivent être projetés au Sahel durant ce deuxième semestre.

Deux modèles d’exosquelettes ont aussi été mis en œuvre : le modèle de Safran, assisté par moteur, et celui du canadien Mawashi, qui n’a besoin d’aucune source d’énergie.

Cet exosquelette léger est plutôt conçu à l’origine pour les forces spéciales, mais il s’adapte, de fait, à tous les combattants.

Son UPRISE (ultralight passive ruggedized integrated soldier exoskeleton) en titane comprend un support de casque, une colonne vertébrale articulée, une ceinture coulissante, deux sections de jambe et deux semelles rigides à glisser à l’intérieur des chaussures. Le transfert de charge jusqu’au sol est évalué de 50 à 80 % par Mawashi.

Le système n’est pas dépendant d’une quelconque alimentation, mais utilise les mouvements du corps et les optimise.

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Jean-Marc Tanguy