Pour sa dernière audition par les députés de la commission de la Défense, le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de terre, a noté plusieurs points fâcheux pour l’Armée de terre, notamment en matière de disponibilité des hélicoptères, et de capacités d’aérolargage de l’A400M.  « Il est vrai que je ne suis pas très content de la transition entre le Transall, qui est en train de mourir, et l’A400M, pour une raison simple : si l’A400M est un avion exceptionnel en termes de transport logistique, il ne l’est pas du tout, à ce stade, en termes de transport tactique. Pour l’instant, on ne sait pas larguer de parachutistes autrement que par une seule porte – pour un avion qui devait quand même être un des meilleurs du monde ! Je m’en suis ouvert auprès des industriels qui travaillent sur l’A400M. Je leur prêterai des parachutistes le jour où ceux-ci pourront être largués par deux portes. Cette année, les chiffres en matière de capacités d’aérolargage seront sans doute les plus faibles des trois dernières années, car nous sommes au point mort bas, entre la perte des Transall et l’attente de la montée en puissance de l’A400M. En revanche, vous avez parfaitement raison, a-t-il lancé à la députée Natalia Pouzyreff qui l’avait interrogé sur ce point, l’A400M étant sur trajectoire, nous pouvons tous espérer qu’en termes de largage de matériel ou de personnel, il remplisse la mission qu’on attend de lui, sachant que la France est un des rares pays au monde à faire encore de la mise à terre par la verticalité. On l’a bien vu pendant l’opération Serval : une opération visant à s’emparer d’un aéroport et à évacuer des populations peut commencer par une manœuvre d’assaut vertical. »
La capacité initiale de largage devait être autorisée en juillet, mais sur une seule porte, et seulement pour 20 parachutistes. Le largage de 20 paras sur deux portes ne serait pas autorisé avant 2020.

Le soutien des véhicules reste aussi un dossier complexe. « En ce qui concerne l’idée de réaliser une partie du MCO [maintien en conditions opérationnelles] de manière plus proche des opérations, par exemple à l’échelle de sous-régions, il s’agissait de comparer les coûts d’un tel schéma avec ceux de la pratique actuelle consistant à rapatrier systématiquement en métropole les matériels endommagés. Le sujet est toujours en cours d’étude dans le cadre du plan MCO 2025, mais pour être tout à fait honnête, je n’ai pas perçu un véritable enthousiasme des industriels concernés. Pourtant, je pense que cela leur offrirait une bien meilleure visibilité localement, contribuant potentiellement à l’obtention de marchés. »

Le CEMAT a aussi évoqué le dossier du regroupement des hélicoptères Caracal, avec une ironie certaine. « Nous céderons bien volontiers les Caracal à l’Armée de l’air, dès leur remplacement effectif par des Caïman supplémentaires, ce qui n’est pas prévu au cours de cette LPM [loi de programmation militaire], non parce qu’ils ne conviennent pas, mais dans un objectif d’harmonisation des parcs et de rentabilité de la disponibilité opérationnelle. » L’Armée de l’air va donc devoir attendre un temps certain un renforcement de son parc : seul élément pour la faire patienter, la commande d’un Caracal Air révélée juste avant le Salon du Bourget.

Le général Bosser a enfin reconnu que les stocks des munitions étaient particulièrement bas, un problème commun aux trois armées, sans considération de calibres. « Le sujet des stocks de munitions est récurrent. Pour tout dire, depuis près de trente ans, nous sommes en dessous des niveaux fixés pour les stocks dits de guerre, destinés à une guerre patriotique”. Par ailleurs, pour l’entraînement, l’essentiel est de disposer des stocks de munitions nécessaires : même si la situation est tendue, nous n’avons jamais eu à renoncer à une manœuvre d’entraînement faute de munitions. En outre, ce sujet est appelé à évoluer du fait des évolutions technologiques. Ainsi, s’agissant du MMP [missile moyenne portée], la simulation se substituera totalement aux tirs d’entraînement. »

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