Le parlement de Pristina a décidé la création d’une armée kosovare, au risque d’envenimer ses relations avec Belgrade.

Après avoir institué un ministère de la Défense, les députés kosovars ont voté, le 14 décembre dernier, un texte qui modifie le mandat de la Force de sécurité du Kosovo (KSF), laquelle était chargée d’assurer, jusqu’à présent, les seules missions de sécurité civile. Cette dernière sera donc transformée en force armée à part entière, afin d’affirmer, selon Pristina, la souveraineté du Kosovo.

Cependant, selon les analystes, il faudrait une décennie environ pour achever la transformation de la KSF en armée, ses effectifs devant passer de 2 500 éléments, aujourd’hui, à 5 000 membres, plus 3 000 réservistes environ. Selon le texte voté par les seuls parlementaires kosovars (les dix autres élus représentant la minorité serbe ayant boycotté le vote), cette force armée sera désormais chargée « d’assurer l’intégrité territoriale du pays, ainsi que de protéger la propriété et les intérêts de la République du Kosovo, d’apporter un soutien militaire aux autorités civiles en cas de catastrophe, et de participer à des opérations internationales ». À Belgrade, tout comme parmi les 120 000 Serbes qui vivent toujours au Kosovo, l’initiative de Pristina a été accueillie par un mélange d’inquiétude et de colère. Cela, dans un contexte déjà tendu, avec un dialogue au point mort depuis des mois et la mise en place par Pristina, en novembre dernier, d’une barrière douanière sur les produits serbes.

L’OTAN, de son côté, semble embarrassée par la décision kosovare. Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a déclaré que la sécurité et l’intégrité territoriale du Kosovo sont garanties par la KFOR, la Force internationale menée par l’OTAN, qui va devoir « réexaminer son niveau d’engagement » dans le pays. L’Union européenne a également exprimé des réserves, estimant que le mandat de la KSF ne devrait pas être modifié sans l’aval des élus de la minorité serbe. Les responsables kosovars sont toutefois confortés par le soutien public de Washington, de Londres et de Berlin. Une décennie après la proclamation d’une indépendance reconnue, selon Pristina, par 115 pays, celle-ci est toujours rejetée par Belgrade, mais aussi par la Russie et la Chine, qui ferment au Kosovo la porte de l’ONU.

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