Deux marins de la marine américaine en Californie ont été arrêtés pour avoir fourni des informations militaires sensibles à la Chine.
C’est loin d’être une nouveauté la Chine faisant feu de tous bois pour obtenir des renseignements de tous genres aux États-Unis (1).
Lors d’un témoignage devant le Congrès cette année, le directeur du FBI Christopher A. Wray, avait prévenu : « Aucun pays ne présente une menace plus importante pour notre innovation, nos idées, notre sécurité économique, notre sécurité nationale que le gouvernement chinois ».
Jinchao Wei, 22 ans connu aussi sous le nom de Patrick Wei, un citoyen américain naturalisé, est accusé d’avoir conspiré pour envoyer des informations de défense nationale à un agent chinois.
L’officier marinier Wenheng Zhao qui s’appelle également Thomas Zhao, 26 ans, a été arrêté pour avoir accepté de l’argent pour des photos et des vidéos sensibles.
On ne sait pas si les deux marins étaient en contact avec le même agent chinois.
Les deux hommes ont été arrêtés le 2 août en Californie, M. Wei alors qu’il se rendait au travail à la base navale de San Diego.
Les procureurs ont annoncé les accusations lors d’une conférence de presse tenue à San Diego le lendemain.
Ils ont déclaré que M. Wei, qui a servi comme adjoint au chef des machines sur le navire d’assaut amphibie USS Essex, détenait une habilitation de sécurité et avait accès à des informations sensibles sur le navire.
Il aurait été approché par un agent chinois en février 2022 alors qu’il était en train de devenir citoyen américain. Selon l’acte d’accusation, ce dernier a payé à M. Wei des milliers de dollars pour des photographies, des vidéos, des manuels techniques et des plans du navire.
Des responsables du ministère de la Justice ont déclaré que M. Wei avait également donné à l’agent des informations concernant les Marines américains qui participaient à un exercice d’entraînement maritime.
M. Zhao a travaillé à la base navale du comté de Ventura près de Los Angeles.
En 2021, il aurait été approché par un agent chinois qui se faisait passer pour un chercheur voulant obtenir des informations utiles à des investissements futurs..
Selon les autorités, l’agent a payé à M. Zhao près de 15 .000 dollars pour des photos et des vidéos ainsi que des schémas et des plans d’un système radar stationné sur une base militaire américaine à Okinawa, au Japon.
« Lorsqu’un soldat ou un marin choisit l’argent plutôt que le pays et transmet des informations sur la défense nationale dans un acte ultime de trahison, nous devons être prêts à agir », a déclaré le procureur américain Randy Grossman.
Le procureur général adjoint Matthew Olsen a déclaré : « Le ministère de la Justice continuera d’utiliser tous les outils de notre arsenal pour contrer les menaces de la Chine et pour dissuader ceux qui les aident à enfreindre nos lois et à menacer notre sécurité nationale ».
Liu Pengyu, un porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington cité par le Wall Street Journal ayant déclaré : « Le gouvernement et les médias américains ont fréquemment mis en avant des cas d’‘espionnage’ liés à la Chine […] La Chine s’oppose fermement aux calomnies et calomnies sans fondement de la partie américaine à l’encontre de la Chine ».
S’il est reconnu coupable, M. Wei encourt jusqu’à la perpétuité, tandis que les charges retenues contre M. Zhao sont passibles d’une peine maximale de 20 ans. Les deux hommes ont été inculpés dans deux affaires distinctes.
Plus généralement, l’espionnage chinois coordonné par le Guoanbu (ministère chinois de la Sécurité d’État – MSE -) compterait près de 22.000 fonctionnaire épaulés par environ 200.000 « collaborateurs » extérieurs. Il est dirigé depuis 2022 par Chen Yixin.
Les domaines d’intérêts chinois ne sont pas seulement militaires mais également ceux ayant rapport avec la haute technologie (informatique, énergie nucléaire, nanotechnologies, télécommunications, médecine) et la politique.
Le développement du net et des réseaux sociaux a considérablement multiplié les moyens de l’espionnage moderne, que ce soit dans la recherche de renseignements mais aussi de repérage des « cibles humaines » intéressantes.
Selon les services de contre-espionnages français, des centaines de faux comptes opèreraient sur LinkedIn via des sociétés écrans dont beaucoup sont domiciliées à Hong-Kong et à Shanghai.
Depuis longtemps, des « cibles humaines » jugées particulièrement intéressantes par le MSE sont invitées gracieusement à des manifestations (conférences, symposium, expositions, etc.) en Chine. Là, elles peuvent faire l’objet de provocations destinées à les compromettre (sexe, argent, drogue, etc.) pour ensuite les faire travailler sous la contrainte – généralement complétée par une rémunération -.
Les chambres d’hôtels réservées aux étrangers sont systématiquement surveillées et souvent fouillées (les bagages aussi).
D’autres manœuvres sont utilisées par le MSE : l’infiltration d’agents dans des milieux parlementaires, ministériels, administratifs, dans des centres de recherche universitaires, l’installation de matériels de rétro-ingénierie sur les technologies sensibles, etc.
Un rapport de la Commission du commerce international des États-Unis estimait déjà en 2011 que le pillage des brevets par la Chine se traduisait chaque année par plus de 900 000 emplois incréés aux États-Unis.
1. Voir « L’espionnage chinois aux États-Unis mis en exergue » du 25 octobre 2022.
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