Lors d’une opération héliportée menée le 22 janvier 2023 par des forces de la brigade commando de gendarmerie de Çakırsöğüt dans la province de Şırnak appuyées par des équipes locales de la gendarmerie, sept membres présumés du PKK ont été neutralisés.

Les autorités turques ont donné l’identité d’une des victimes dont la dépouille n’a été retrouvée (puis identifiée) que le 7 mars au cours d’une opération de ratissage : Hamiyet Yalçinkaya alias Bota Leyla Amed. Selon les autorités turques, cette responsable du mouvement kurde séparatiste turc occupait de hautes fonctions dans la hiérarchie du mouvement. D’ailleurs, les forces de sécurité l’avaient placé sur la liste « rouge » qui comprend les personnes les plus recherchées.

Après cette découverte, le ministre de l’Intérieur, Süleyman Soylu, a affirmé sur les réseaux sociaux : « les opérations ne s’arrêtent pas […] Félicitations à notre héro : la Gendarmerie ».

Leyla Amed, est arrivée dans les années 1990 dans l’« émirat de Botan », une ancienne région kurde de l’Empire ottoman (1338 – 1855) située dans le sud-est de l’Anatolie que le PKK prétend diriger. Cette zone couvre les districts de Sizre, Şırnak et Eruh de Siirt.
En 1993-96, Leyla Amed aurait été très active dans la région de Diyarbakir, fief historique du PKK.

Elle aurait ensuite alterné les séjours entre la Turquie et les repaires du PKK situés dans le nord de l’Irak. Mais elle s’est particulièrement fait connaître alors que résidant alors au quartier général du mouvement situé sur les reliefs escarpés du Mont Qandil en Irak, elle a eu la charge entre 2012 et 2014 de la propagande prônant la « guerre populaire révolutionnaire ». Puis, entre 2014 et 2016 elle aurait pris le commandement du PAJK (Parti des femmes libres du Kurdistan ), un des nombreux groupes féminin du PKK.
Le slogan de ce mouvement, « Femme, Vie, Liberté ! » ( « Jin, Jiyan, Azadî ») a largement été repris par les populations kurdes iraniennes qui participent depuis 2022 à la contestation dans ce pays.
À noter que le « Parti pour une vie libre au Kurdistan » (PJAK), mouvement kurde iranien « frère » du PKK est actuellement très actif en Iran(1).

Sur le plan idéologique, le PKK laisse une grande place aux femmes. La présence d’unités féminines (la mixité est interdite, les mariages entre militants sont prohibés) qui a été médiatisée durant la lutte contre Daech (2013-2019) leur a apporté une célébrité mondiale. Selon le PAJK, si les femmes ne représentaient que 1% des effectifs militaires du PKK en 1987, la part des femmes est montée à 10% en 1993 pour atteindre 30% en 1999 puis 40% aujourd’hui. Ce dernier chiffre est vraisemblablement exagéré.

Yalçınkaya est retournée en Turquie en 2018 pour prendre la direction du YJA-STAR « L’État féminin de la Montagne », une organisation féminine kurde séparatiste active dans les provinces de Şırnak, Siirt, Van et le district de Dargeçit de la province de Mardin.

Comme le « problème palestinien », le « problème kurde » semble insoluble à court, moyen et même à long terme. Les intérêts des États concernés et des grandes puissances sont trop engagés pour permettre d’envisager la moindre solution…

1. Le Parti de l’union démocratique (PYD) syrien est lui le « cousin » du PKK. Ces trois mouvements partagent la même idéologie dite « confédéralisme démocratique » ou l’« apoisme » du surnom de leur leader historique Abdullah Öcalan « Apo » qui purge une peine de prison à vie sur l’île-prison turque d’Imrali. Cette idéologie a succédé au marxisme-léninisme du départ mêlant démocratie directe, communalisme, autogestion, rejet de l’État agrémenté de couleurs féministes et écologiques.

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Texte

Alain Rodier

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