Tous les spécialistes s’accordent à penser qu’il n’y a pas de solutions viables au « problème palestinien ». Israël est en guerre depuis sa création le 14 mai 1948 car il pense être entouré de forces hostiles.

Il est vrai que les déclarations allant dans ce sens de responsables politiques palestiniens et iraniens sont nombreuses et récurrentes. De leur côté, les Palestiniens se considèrent comme les « agressés » étant progressivement dépossédés de leurs terres par l’État juif. La haine est palpable au sein des deux communautés. Les affrontements se succèdent de manière régulière, les deux camps sachant pertinemment qu’aucun n’emportera la décision au moins dans un avenir plus ou moins proche. Le meilleur exemple reste les affrontements réguliers qui ont lieu dans la vieille ville de Jérusalem et sur l’esplanade des mosquées aussi appelée le Mont du Temple.

Les derniers combats en date opposent Israël du Jihad islamique palestiniens (JIP), mouvement moins connu que le Hamas. Forts de quelques milliers de partisans, il est surtout implanté dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Il se distingue des autres mouvements palestiniens parce qu’il se veut « révolutionnaire » et ne cherche pas à gérer des populations comme le font l’Autorité palestinienne ou le Hamas. Il inscrit son action dans la guerre – et uniquement la guerre – qui doit, selon lui, amener la destruction de l’État hébreu. C’est pour cette raison qu’il est reconnu comme « terroriste » par Israël, et par tous les pays occidentaux. Idéologiquement, il s’est éloigné des Frères musulmans égyptiens qui étaient sa matrice fondatrice et se revendique « révolutionnaire », « nationaliste » et « islamique ». Le régime iranien est son modèle bien que son islam soit chiite alors que celui de l’immense majorité des Palestiniens est sunnite. D’ailleurs, d’une manière très pragmatique, Téhéran a toujours soutenu tous les mouvements palestiniens (en dehors de la brouille passagère survenue avec le Hamas qui avait approuvé un temps la « révolution syrienne » de 2011) en utilisant comme intermédiaire le Hezbollah libanais qui lui sert de bras armé pour sa politique au Proche-Orient.

L’affaire actuelle a débuté avec l’arrestation le 1er août à Jénine en Cisjordanie de Bassam al-Saadi, un responsable du JIP. Persuadé que ce dernier allait répliquer, l’armée israélienne a mené le 5 août une frappe préventive sur différents points de Gaza abritant des activistes prêts à en découdre et des fabriques d’armes. Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a déclaré après-coup qu’il s’agissait d’une « opération de contreterrorisme précise contre une menace immédiate (NdA : le JIP) un supplétif de l’Iran […] voulant tuer des Israéliens innocents ».

Cela n’a pas empêché les Brigades al-Qods, la branche militaire du JIP, de procéder à 585 tirs de roquettes dans la nuit qui a suivi ciblant les villes israéliennes de Tel-Aviv, Ashkelon, Ashdod et Sderot. 97% d’entre-elles auraient été interceptées par le bouclier antimissile « iron dome » (source Mindef israélien).

Les Israéliens ont poursuivi leurs frappes sur Gaza jusqu’à l’aube. Plusieurs responsables du JIP ont ainsi été neutralisés dont Tayssir Al-Jabari, tué le 5 à Gaza City et Khaled Mansour à Rafah (au sud de la bande de Gaza) le 6. Les forces israéliennes ont également arrêté en Cisjordanie 19 membres du JIP.

Le 6 au soir, Oded Basiok, le chef de la direction des opérations de l’armée israélienne, a fait parvenir un communiqué à l’AFP dans lequel il affirme que « la haute direction de l’aile militaire du Jihad islamique à Gaza a été neutralisée ».
Le secrétaire général du JIP, Ziad al-Nakhala, a accusé Israël depuis Téhéran où il est résident
Israël d’avoir « déclenché une guerre […] L’ennemi sioniste a commencé cette agression et doit s’attendre à ce que nous nous battrons sans relâche».

Cette nouvelle escalade, a provoqué l’arrêt de l’unique centrale électrique qui approvisionne la bande de Gaza peuplée de 2,1 millions d’habitants. En effet, en raison des combats, Israël qui impose un blocus sur Gaza depuis 2007, a fermé les passages frontaliers depuis le 1er août interrompant de ce fait les livraisons en carburants. Le ministère de la santé à Gaza a prévenu qu’en raison des coupures de courant, les heures à venir seront « cruciales et difficiles ».
Lynn Hastings, la coordinatrice des affaires humanitaires de l’ONU dans les Territoires palestiniens, a appelé Israël à permettre l’entrée dans l’enclave de « carburant, nourriture et fournitures médicales ».
Comme d’habitude le Caire, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, a lancé les négociations qui ont abouti le 7 août au soir à une trêve. Si l’une des parties reprend les violence, l’autre se réserve le droit de répliquer.

C’est la pire confrontation entre Israël et des organisations armées de Gaza depuis la guerre de mai 2021 qui avait fait 260 morts palestiniens et 14 Israéliens.
Les Gardiens de la Révolution (pasdarans) ont menacé Israël de « payer un lourd tribut » assurant que les Palestiniens n’étaient « pas seuls ».
En 2019, la mort d’un commandant du JIP lors d’une opération israélienne avait déjà donné lieu à plusieurs jours de conflits meurtriers. Le Hamas, qui a combattu Israël lors de quatre guerres depuis sa prise du pouvoir en 2007, s’était tenu à distance en 2021 mais Fawzi Barhroum, un porte-parole du Hamas a affirmé que : « la résistance est unie dans la bataille ».

Le 7 août au moment du cessez-le-feu à 23 H 30, le bilan était de 44 morts et plus de 300 blessés… Les Israéliens déploraient trois blessés graves par des éclats et 31 plus légèrement.

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Texte

Alain Rodier

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