Le 23 mai vers 23 H 00, une quinzaine de sicarios ont perpétré une tuerie de masse dans le quartier de Lindavista dans la banlieue de la ville de Celaya dans l’État de Guanajuato situé au centre du pays. Dix personnes auraient été tuées et de nombreuses autres ont été blessées. Le bilan pourrait encore s’alourdir.

Les victimes ont été retrouvées à l’intérieur et aux alentours de l’hôtel-bar « Gala » rue Azalea. Des tirs ont également eu lieu dans les rues avoisinantes. Les attaquants ont tiré à l’arme de guerre et lancé de nombreux cocktails Molotov pour mettre le feu à l’établissement. Les survivants ont déclaré que l’assaut avait été très bref.
Des hommes des polices municipale et étatique, de l’Armée et de la Garde nationale ont été dépêchés sur place. Les pompiers ont aussi été sollicités pour éteindre les débuts d’incendies.
Une affiche manuscrite retrouvée sur place – un « classique » pratiqué par les sicarios mexicains – menace le Cártel de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG) qui est le plus puissant du Mexique. Elle est signée du Cártel Santa Rosa de Lima (CSRL)(1).

Elle fait état de trois cadavres empaquetés dans des sacs plastique (là aussi, un « classique » au Mexique) qui ont été découverts la veille dans la même zone.

Deux communiqués audio diffusés le lendemain de la tuerie ont expliqué les motifs dans des termes orduriers. Le CSRL a affirmé que les personnes ciblées lors de l’action ont été tuées pour leur aide apportée aux « proxénètes de Jalisco » en faisant référence au CJNG. Il demande au président de l’État de Celaya, Javier Mendoza Márquez, « d’enchainer ses chiens … ».

Il menace Roberto Carlos, le « garde du corps » du président en affirmant qu’il est « localisé » en permanence. Selon lui, les victimes n’étaient pas « innocentes » étant responsables de la mort dont les dépouilles ont été découvertes dans des sacs le 22 mai. C’est pour cette raison que la « compagnie » est passée à l’action. Il menace ensuite le chef de la police municipale, Luis Enrique Chabolla.

Les restes humains dont il est question ont été découverts dans le même quartier de Celaya avec un message du « Groupe Élite », l’organisation armée du CJNG, s’attaquant à José Antonio « El Marro » Yépez Ortiz, le chef du CSRL arrêté le 2 août 2020. Son successeur, Adán « El Azul » Ochoa, ayant été arrêté le 14 octobre 2020, son remplaçant actuel n’est pas connu.

En dehors de l’inhumanité dont font preuve les tueurs – les sicarios – des cartels mexicains qui parviennent à dépasser en horreur les terroristes les plus endurcis, le problème central réside dans le fait qu’il n’y a pas de solution à l’insécurité en Amérique latine. Les gouvernements qui se succèdent passent du « tout répressif » (en vogue en ce moment) à une certaine « collaboration » avec les truands pour acheter la tranquillité.
Les raisons de ces échecs qui se répètent année après année sont simples :
. la consommation de drogues dans le monde occidental qui ne baisse pas ;
. la corruption est difficilement enrayable quand on sait la misère des salaires des fonctionnaires latino-américains (qui, en plus, n’ont pas le choix car leur sécurité et celle de leurs proches en dépend).

1. Organisation criminelle créée en 2014 spécialisée dans le siphonage puis le trafic de pétrole. Voir : « Le point sur les cartels mexicains » du 19 juillet 2021.

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Texte

Alain Rodier

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