L’envoyé des Nations Unies au Yémen, Hans Grundberg, a annoncé le 1er avril qu’il avait négocié une trêve de deux mois. Toutefois, les deux parties s’accusent mutuellement de ruptures répétées, en particulier dans la région de Marib actuellement située au centre des confrontations. Mais ce conflit éloigné qui aurait fait 377.000 victimes directes et indirectes depuis 2014 intéresse peu la « communauté internationale » (l’Occident) qui focalise sur la guerre déclenchée en Ukraine par la Russie(1).

De plus, cette trêve n’a pas été signée ni par l’Arabie saoudite, ni par les Émirats arabes unis (EAU) qui interviennent dans la guerre depuis sept ans avec un apport constant d’armes et de munitions américaines et britanniques. Un fait exceptionnel est survenu le 7 avril avec la démission du président Abdrabbo Mansour Hadi au profit d’un « conseil présidentiel » qui a entériné la trêve qui a débuté le premier jour du ramadan.

Dans le cadre de « mesures de confiance », l’embargo sur le fuel entrant par le port d’Hodeida et l’interdiction des vols civils vers Sanaa devraient être allégés. 18 accostages de pétroliers seraient ainsi autorisés dans les deux mois qui viennent et des liaisons aériennes avec le Caire et Amman de nouveau autorisées. La ville de Taiz au nord-ouest d’Aden objet de combats depuis 2016 pourrait bénéficier de corridors d’accès terrestres pour faciliter les mouvements des populations civiles.

Le président Hadi a aussi annoncé qu’il démettait son vice-président (depuis cinq ans) Ali Mohsen al-Ahmar.
L’autorité régalienne du Yémen est remise à un conseil présidentiel dont les huit membres ont été sélectionnés par le Conseil de Coopération du Golfe (GCC). Son président est Rachad al-Alimi, l’ancien ministre de l’intérieur et membre du Congrès général du peuple yéménite. Le nouvel exécutif se compose de quatre membres du Nord du pays et quatre du Sud. Les sept autres membres ont rang de vice-président. Aïdarous al-Zoubaïdi, ancien gouverneur d’Aden et actuel président du Conseil présidentiel du Conseil de transition du Sud (mouvement séparatiste), Sultan Ali-al-Arada, gouverneur de Marib, Tareq Saleh, neveu de l’ancien président Ali Abdallah Saleh tué par les Houthis alors qu’il tentait de rejoindre Riyad, Abdallah Abd al-Rahman al-Mahrani,

commandant de la « Brigades des géants » (séparatistes sudistes), Abdallah al Alimi directeur général de la présidence de la République et membre du Congrès yéménite pour la réforme, Othman Hussein Megali, chef tribal de Saada et membre du Congrès général du peuple et Faraj Salmin al-Bahsani, gouverneur de l’Hadramaout.
Le conseil est assisté d’un comité économique.

Dans les heures qui ont suivi le désignation de ce conseil, l’Arabie saoudite et les EAU ont annoncé une aide de trois milliards de dollars afin de stabiliser l’économie défaillante du Yémen.
Le Premier ministre Maen Saeed Abdulmalik qui reste chef de cabinet a déclaré qu’il n’y avait pas de solution militaire à la guerre et qu’il convenait de poursuivre les négociations de pais avec les Houthis.

La situation des Houthis(2) n’est actuellement pas tellement favorable. L’offensive sur Marib qui était jugée cruciale patine depuis des mois. Il n’ont plus la position de force qu’ils espéraient et peuvent être poussés à négocier mais cela n’était pas possible avec la présence du président Hadi qui était la marionnette de Riyad (et en résidence surveillée dans un palais de la capitale saoudienne).

Cela dit, rien n’est simple. S’il est relativement aisé d’ouvrir les terminaux d’Hodeida qui, en réalité n’ont jamais été fermés complètement pour laisser passer l’aide humanitaire, celle de l’aéroport de Sanaa pose des problèmes techniques pour le moment difficilement surmontables. Seuls les avions de l’ONU s’y posaient jusqu’à maintenant. Et si des vols ne parviennent pas à rejoindre rapidement la capitale yéménite, les Houthis auront beau jeu de dire que les « accords ne sont pas respectés ».

1. Voir : « Yémen. Dans l’indifférence générale, la guerre continue » du 22 mars 2022.
2. Qui, il convient de le rappeler, sont anti-Occidentaux, anti-sionistes voire anti-sémites.

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Texte

Alain Rodier

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