Une fois de plus, la période du ramadan se révèle particulièrement meurtrière(1). À savoir que dans la tradition musulmane, le ramadan est une période durant laquelle Dieu donne la « victoire aux croyants ». De plus, durant le ramadan, toutes les actions des pieux musulmans sont encore davantage récompensées par Dieu.

Quatre actions terroristes ont eu lieu en moins de deux semaines en Israël. La dernière en date a eu lieu le 7 avril soir lorsqu’un tireur équipé d’une arme automatique a mené une attaque dans la rue commerçante Dizengoff très animée à ce moment là. Dix personnes auraient été atteintes et deux sont décédées malgré les soins rapides qui ont été prodigués. Le terroriste identifié comme le Palestinien Raad Fathi Hazem de Jénine s’étant échappé, une chasse à l’homme de plus de dix heures s’est ensuivie. Il a finalement été repéré et abattu par les forces de sécurité à Jaffa. Dès jeudi soir, le Jihad Islamique Palestinien (JIP) s’était félicité de cette action (sans désigner nommément le « martyr »). Il convient d’attendre les revendications qui vont tomber pour connaître le mouvement qui a téléguidé ou inspiré le terroriste.

L’attentat précédent avait eu lieu le 29 mars soir dans la localité de Benei Berak. Quatre civils et un policier avaient trouvé la mort au cours de deux attaques distinctes. Lors d’une première action, le terroriste avait tué à l’arme automatique des civils à proximité d’un magasin. Il s’était ensuite déplacé vers une zone voisine et avait abattu un policier (chrétien) avant d’être neutralisé par l’un de ses collègues.
Le terroriste identifié comme Dia Hamarsha était également originaire de Jénine. Il aurait été emprisonné quatre ans années pour trafic d’armes et appartenance à une organisation terroriste palestinienne.
Le Hamas et le Jihad Islamique Palestinien (JIP) avaient publié une déclaration dans laquelle ils félicitaient l’attaquant justifiant son geste comme une « réponse naturelle » à ce qu’elles considèrent comme des « crimes commis par Israël contre le peuple palestinien ».
Un autre message des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa en Cisjordanie a revendiqué ce dernier attentat. « Nous bénissons l’opération héroïque menée par le martyr immergé au cœur du quartier occupé de Tel al-Rabee / Zia Hamarsha qui vénère le district de Jénine, qui a entraîné la mort de cinq violeurs et des blessés ».
À noter que les « Brigades des Martyrs d’al-Aqsa » dépendant du Fatah n’avait plus mené d’opérations spectaculaires depuis 2007. Selon Wassim Nasr, « c’est bien une ‘réactivation’ des brigades des martyrs d’al-Aqsa du Fatah à Ramallah ‘contre l’occupant et pour soutenir la résistance’ ».

Le 27 mars, la ville de Hadera avait été la cible d’une attaque terroriste menée par deux Palestiniens de nationalité israélienne. Ils avaient ouvert le feu au fusil d’assaut M-16 près d’un arrêt de bus tuant deux policiers âgés de 19 ans et blessant quatorze autres personnes.
Les deux terroristes avaient été neutralisés par des membres de l’unité anti-terroriste de la Police des frontières qui étaient hors service. Le ministre de la défense Benny Gantz les avait félicité tout en présentant ses condoléances aux familles des victimes et souhaitant un prompt rétablissement aux blessés.
Les terroristes seraient deux cousins identifiés comme Ibrahim et Ayman Ighbariya. Ibrahim aurait été arrêté en 2016 en Turquie alors qu’il tentait de rejoindre l’État Islamique en Syrie. Il avait été extradé vers Israël où il avait purgé une peine de prison de seize mois (il était sorti prison en 2020).
Dans une vidéo tournée avant l’attaque, les deux hommes font allégeance à l’État Islamique et au nouveau « calife », Abou Hassan al-Hachimi al-Qourachi intronisé le 10 mars 2022 suite à la mort d’Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi.
Cette attaque a été revendiquée par la branche salafiste des brigades al-Nasser Salah al-Din qui regroupe des formations palestiniennes. Le communiqué précise qu’il s’agissait d’« une réponse au sommet de l’axe du mal », en référence au sommet du Néguev qui débutait le 27 mars. Les ministres des Affaires étrangères égyptien, émirati, marocain et du Bahreïn y participaient ainsi que le secrétaire d’État américain Anthony Blinken.
Le chef du principal parti politique arabe en Israël (Ra’am) Mansour Abbas a condamné cette action terroriste dans les termes suivants ; « ce crime répugnant a été inspiré par l’État Islamique qui ne reflète pas la population arabo-israélienne qui souhaite vivre dans le respect et en accord avec la loi ».
Le lndi qui avait suvi, cinq suspects ont été arrêtés dont trois dans la ville arabe d’Umm el-Fahm, le lieu de résidence des deux terroristes située à une vingtaine de kilomètres de Hadera.

Le 22 mars, l’ancien professeur Mohammed Abu al-Kiyan avait mené une attaque avec une voiture puis au couteau à Beer Sheba, la principale ville du désert du Néguev. Quatre personnes avaient été tuées et deux autres blessées. L’assaillant qui avait purgé une peine de prison de 2016 à 2019 pour apologie de Daech avait été abattu. L’EI avait qualifié ce terroriste d’« inghamasi », c’est-à-dire un activiste d’élite qui combat sans esprit de retour.

Il n’en reste pas moins que ces trois attentats meurtriers montrent toute la difficulté qu’il y a à parer à ce type d’attaque alors que l’État hébreu est très sécurisé. Comme d’habitude, les observateurs recherchent les « failles » dans les services de sécurité qui ont laissé passer les terroristes (généralement connus). Des voix en Israël estiment que le Shabak a un vrai travail à effectuer pour améliorer son efficacité au sein de la population arabe israélienne. Pour les professionnels, il est évident qu’il convient de se remettre en question en permanence de manière à coller à une situation qui évolue en permanence.
Généralement, les mouvements palestiniens étaient avant tout nationalistes et antisioniste et leur héritage marxiste-léniniste les empêchait de verser dans le fondamentalisme religieux. Cela est vraisemblablement en train de changer.
De plus, des groupuscules et des individus affiliés à la cause de Daech sont présents depuis des années en Israël et dans la bande de Gaza. D’ailleurs, une des plus importante « province de l’État Islamique » est celle du Sinaï qui jouxte la bande de Gaza. Et à l’image de ses homologues sur le continent africain, elle redouble d’activités en ce moment…

1. Voir : « Risque de campagne terroriste durant le ramadan » du 4 avril 2022.
2. Voir : « Attentats en Israël revendiqués par Daech » du 29 mars 2022.

Publié le

Texte

Alain Rodier

Photos

DR