Les forces de sécurité colombiennes ont capturé le 23 octobre dans la région d’Uruba Dairo Antonio Usuga alias « Otoniel », le trafiquant de dogue le plus célèbre du pays. Chef des « Autodefensas Gaitanistas de Colombia » ou « Clan du Golfe ».

Le Président Ivan Duque a considéré que cette arrestation constituait une victoire comme celle qu’il y avait eu il y a trois décennies avec celle de célèbre Pablo Escobar. Otoniel devrait être extradé rapidement vers les États-Unis où il a été inculpé une première fois en 2009 par le court fédéral de Manhattan pour trafic de drogue. L’homme de 50 ans est aussi recherché par les courts de Brooklyn et Miami pour « conduite d’entreprises criminelles permanentes, participation au trafic de cocaïne international, utilisation d’armes à feu en complément du trafic de drogue ».

Sa tête était mise à prix pour 800.000 dollars par la Colombie et 5 millions de dollars par les USA. « Cela faisait sept ans que nous étions après lui », a précisé le 23 octobre le général Fernando Navarro, le chef de l’armée colombienne.

Né le 15 septembre 1971 à Neclocli, située sur le golfe d’Urabá dans le nord-ouest de la Colombie et stratégiquement placée à la frontière du Panama, de l’océan Pacifique et de la mer des Caraïbes, il avait pris la tête du Clan du Golfe après la mort de son frère, Juan de Dios, alias « Giovanni », lors d’un affrontement avec la police en 2012.
Les deux hommes avaient monté un réseau criminel présent dans près de 300 des 1.102 municipalités de Colombie, principalement sur la côte Pacifique, d’où partent la plupart des cargaisons de drogue vers les États-Unis.

Selon l’expert en sécurité, Ariel Avila Otoniel avait « un important catalogue d’activités criminelles, dont l’exploitation de mines illégales et le passage de migrants vers le Panama ». De 1993 à 1994, il rejoint les milices d’Autodéfense paysannes de Cordoba y Uraba (ACCU), un groupe paramilitaire d’extrême-droite créé pour combattre les guérillas marxistes-léninistes. Mais leur principale activité est de conquérir le trafic de drogue. L’ACCU faisait partie des milices d’Autodéfense unies de Colombie (AUC), démobilisées en 2006 sous l’ex-président Alvaro Uribe (2002-2010).

Toujours selon le même expert, Otoniel « était un paysan sans idéologie particulière », mais qui se sentant « trahi » par le processus de démobilisation et a décidé de rester dans la clandestinité. Passer de l’extrême-gauche à l’extrême-droite ne pose pas un problème pour les activistes colombiens dont la majorité a toujours été du côté de celui qui paye. C’est pour cette raison que l’expression « narco-terroriste » est apparue d’abord en Colombie avant de s’étendre à l’ensemble de l’Amérique latine.

Bien que l’opération qui a engagé 500 membres des forces spéciales et 22 hélicoptères ait été un succès indéniable (selon l’AP, les services de renseignement américains et britanniques auraient fourni des informations essentielles à la localisation du criminel), il n’en reste pas moins que les autorités sont en train de perdre progressivement le contrôle des zones rurales au profit de groupes armés.

Le nord de la Colombie qui avait connu un calme relatif depuis que les FARC avaient signé un traité de pays avec le gouvernement en 2016 est resté le point de passage privilégié pour le trafic de drogue et un lieu où sont nés les groupes insurrectionnels armés les plus importants. Le Nord de la Colombie risque de basculer dans une nouvelle guerre des gangs pour savoir qui tiendra le haut du pavé pour poursuivre les « affaires » avec les cartels vénézuéliens, péruviens, brésiliens et mexicains. À noter que de nombreux truands européens et israéliens sont aussi présents sur zone à titre temporaire où bien installés à demeure. Ainsi, un truand marseillais de haut vol a été arrêté en Colombie le 20 octobre dernier alors qu’il était résident dans le pays depuis deux ans.

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Alain Rodier

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