Les tensions sont en train de monter entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. Téhéran affirme qu’il ne laissera pas son voisin du nord accueillir impunément les « activités anti-sécuritaires de du régime sioniste » (Israël).

Téhéran a lancé le 1er octobre 2021 des manoeuvres militaires Fatehan-e Khaybar (les conquérants de Khaybar en référence à une bataille menée par le prophète Mahomet contre des tribus juives dans cet Oasis), le long de la frontière azérie. Face à cet exercice qui est le premier à avoir lieu dans cette région depuis la fin de l’URSS, Bakou a répliqué en annonçant le déploiement de troupes au nord de la même frontière laissant craindre qu’un éventuel incident pourrait dégénérer en guerre ouverte entre les deux pays.

La tension était déjà vive après la guerre qui a vu le retour du Nagorno-Karabakh dans le giron azéri en 2020 après une victoire rapide contre l’Arménie (1). Pour mémoire, Israël et la Turquie soutenaient Bakou, l’Iran l’Arménie et la Russie se retrouvait au milieu. Téhéran a toujours trouvé son intérêt à défendre l’Arménie chrétienne contre l’Azerbaïdjan chiite car la crainte d’un Azerbaïdjan prospère qui pourrait amener une sécession du nord iranien peuplé majoritairement d’Azéris (de 10 à 15 millions des 85 millions d’Iraniens sont d’origine azérie et beaucoup servent au sein des pasdarans).

La perte du Nagorno-Karabakh par l’Arménie a coupé un axe de communication important pour les transports civils iraniens vers la Russie. Une nouvelle route devrait être ouverte prochainement plus à l’ouest.

Si l’intérêt représenté par l’Azerbaïdjan est commercial (vente d’armes – dont des drones – estimées à 825 millions de dollars entre 2006 et 2019), il est aussi et surtout stratégique car cela permet à Israël d’avoir un point d’ancrage jouxtant l’Iran.

Le magazine Foreign Policy a publié en 2012 un article qui reproduisait les déclarations d’un officiel américain affirmant que l’État hébreu avait « sécurisé » (2) un aérodrome en Azerbaïdjan ce que Bakou avait démenti. Il n’empêche qu’il est possible qu’Israël puisse mener des opérations contre l’Iran depuis l’Azerbaïdjan (3).

Téhéran accuse également Bakou de soutenir des groupes séparatistes à l’intérieur de l’Iran, groupes qui ont mené des manifestations pro-Azerbaïdjan l’année dernière lors du conflit arméno-azéri. Il convient
Si un conflit dégénérait entre les deux pays, il semble que Téhéran aurait rapidement le dessus si aucune grande puissance ne venait au secours de l’Azerbaïdjan.

1. Voir « La paix forcée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » du 10 novembre 2020.
2. Le terme « sécuriser » est vague. Il n’en reste pas moins que des drones israéliens ont été mis en œuvre contre l’Arménie en 2020. Il est probable que des opérateurs hébreux étaient sur place.
3. Voir : « IRAN : encore une explosion dans un site sensible » du 4 octobre 2021

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Texte

Alain Rodier

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