Si la situation n’était pas aussi dramatique à Kaboul, la nouvelle prêterait à sourire. Erik Prince, le milliardaire qui dirige la société militaire privée (SMP) Academi (mais qui s’est surtout fait connaître lorsqu’il était à la tête de Blackwater qui s’est distinguée sinistrement en Irak en 1987), propose des places d’avion pour quitter Kaboul à 6.500 dollars. S’il faut d’abord exfiltrer la personne intéressée vers l’aéroport, ce serait possible mais avec une (grosse) rallonge.
Il reste à savoir avec quels avions et quels personnels Prince pourrait agir. Plus encore quel accueil lui serait fait par les autorités américaine qui gèrent la base aérienne jusqu’au 31 août sachant qu’à partir du 27, ils ne devraient plus accepter les appareils étrangers car cinq jours leurs sont nécessaires pour rembarquer les troupes qui sont venus sécuriser l’aéroport.
Cela dit, la position de Prince ne peut être considérée comme illégale puisqu’il ne met pas une organisation armée à la disposition d’un gouvernement (ou d’un mouvement) étranger mais au service de son pays, même si c’est contre monnaie sonnante et trébuchante.
Cette initiative est déjà jugée à Washington comme « immorale » mais « les affaires sont les affaires ». Surtout, elle semble être un peu tardive pour être réalisable.
Personne ne sait aujourd’hui qui gérera les vols au dessus de l’Afghanistan à partir du 1er septembre. Les taliban auraient proposé aux Turcs de conduire les opérations sur les aéroports de Kaboul à la condition qu’il n’y ait pas un militaire dans les personnels (contrôleurs aériens, maintenance, gestion des pistes…) au grand dépit du président Recep Tayyip Erdoğan qui avait proposé depuis des mois d’assurer la relève des forces américaines sur le tarmac de l’aéroport militaire de Kaboul. Son rêve de devenir le leader du monde musulman s’éloigne une fois encore…
Ensuite, le plus grand chaos règne autour de l’aéroport militaire, les autorités américaines appelant depuis trois jours leurs ressortissants à éviter les abords et, en particulier, les zones d’accès car elles craignent le déclenchement d’attentats imminents. En dehors du fait que cet appel est peut-être destiné à soulager la pression humaine exercée sur la base, il n’est effectivement pas impossible que Daech tente de se rappeler aux bons souvenirs des Occidentaux et des taliban qu’ils considèrent comme des « alliés des Américains ».
Tous les ingrédients d’une opération terroriste d’envergure sont en place : la foule incontrôlable qui constitue une cible molle de choix (le nombre des victimes pourrait être extrêmement important), la présence de la presse internationale qui couvre les évacuations et qui diffuserait les images de cette action de par le monde, et surtout le fait que l’EI-K (État Islamique-Khorasan), la wilayat de Daech en Afghanistan est habitué à mener des opérations à caractère terroriste à Kaboul.
Cela dit, rien n’est impossible pour Erik Prince qui pourrait affréter un petit avion d’affaires dans la mesure où le remplissage serait suffisant pour lui rapporter des gains. Sur le fond, 6.500 dollars, ce n’est pas tant que cela pour un vol privé. De plus, cette proposition lui permet aussi de faire sa promotion, et celle de sa SMP, à bon compte.
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