Un diplomate russe de 42 ans en poste auprès de la Représentation des intérêts commerciaux de la Fédération de Russie au Japon a quitté précipitamment le pays pour rejoindre Moscou.

En effet, il était placé sous surveillance dans le cadre d’une enquête des services nippons de contre-espionnage qui venaient de communiquer à la justice leurs conclusions sur cette affaire très classique. Ce diplomate aurait approché un patron d’entreprise à la retraite âgé de 70 ans dans la ville de Zama près de Tokyo pour qu’il lui fournisse des documents concernant la technologie militaire japonaise.

Pour ce faire, la source grâce à ses anciennes relations professionnelles, se serait inscrite en 2019 à un service fournissant des copies de documents académiques. Elle aurait ainsi obtenu huit documents appartenant au domaine de la recherche des technologies militaires et du développement des semi-conducteurs.

Selon les Japonais, l’Officier de renseignement russe aurait payé chaque document de 900 à 1.300 dollars ce qui est très peu si lesdits documents sont vraiment confidentiels.
Il faut savoir que les centres de documentations, les universités, les laboratoires, la presse spécialisée… sont des objectifs constants des services de renseignement extérieurs.

S’ils ne permettent pas d’avoir accès à des informations secrètes, ils sont le « marchepied » dans cette direction car ils sont considérés comme des zones de pêche intéressantes. Tout se fait en nouant ensuite des relations humaines qui peuvent devenir rentables. Ce travail de fourmi prend beaucoup de temps et n’aboutit souvent qu’après de nombreuses années.

Dans le cadre de cette affaire, il est difficile de déterminer où en était la démarche de l’Officier traitant (OT) russe qui appartient vraisemblablement au Service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie (SVR, l’ancienne Première direction du KGB). Il semble que l’approche initiale était terminée et que l’OT était en train d’hameçonner sa source humaine en rétribuant des papiers de moindre importance. Il est vraisemblable que les services de contre-espionnage japonais aient été mis au courant – peut-être par la source elle-même – et qu’ils aient surveillé le diplomate jusqu’au moment où ils ont recueilli des preuves pouvant être recevables par la justice.

Une fois le dossier transmis à la justice, les autorités nippones ont demandé par le biais du ministère japonais des Affaires étrangères, à entendre le diplomate russe. Pour ce genre d’affaire, c’est l’ambassadeur russe au Japon (depuis 2018, Mikhail Galuzin) qui est le premier informé. Bien sûr, il a aussitôt demandé le rappel à Moscou de ce « collaborateur » pris la main dans le sac de manière à limiter au maximum un scandale potentiel. Ce dernier est alors parvenu à quitter le Japon le 12 juin. Bien que détenteur d’un passeport diplomatique, il aurait très bien pu être « retenu » à l’aéroport si les autorités japonaises avaient voulu monter l’affaire en épingle (un peu comme cela se passe dans différents pays occidentaux depuis quelques années). Indubitablement, les Japonais pour leur part ne tiennent pas à assombrir leurs relations avec le Kremlin.

D’ailleurs, l’ancien chef d’entreprise a bien été arrêté, interrogé mais « curieusement » n’a pas été mis en examen pour « intelligence avec une puissance étrangère ». La presse elle, est restée presque complètement muette sur ce sujet.

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Texte

Alain Rodier

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