Huit ressortissants indiens sont emprisonnés au Qatar depuis des mois pour, selon l’accusation, avoir espionné un programme de construction de sous-marins pour le compte d'Israël.

Ils pourraient être passibles de la peine de mort. Il sont soupçonnés d’appartenir au service indien de renseignement extérieur, l’intelligence agency, Research and Analysis Wing (RAW).

Selon des informations parues dans des médias indiens, pakistanais, israéliens et arabes, les huit prévenus sont des anciens officiers indiens qui ont été arrêtés fin août 2022. La liste comporte l’ancien Commandant Purnendu Tiwari, Navtej Singh Gill, Birendra Kumar Verma, Sugunakar Pakala, Sanjeev Gupta, Amit Nagpal, Saurab Vasisht et Ragesh Gopakumar.

New Delhi a eu un accès consulaire aux huit prisonniers et a tenté d’obtenir leur libération.

Mais Doha détiendrait des preuves formelles comme quoi ces personnes ont transmis des renseignements sensibles à Israël. Elles seraient basées sur des interceptions radio-électriques. Leur procès a débuté fin mars et une autre session devrait se tenir en mai. Ils risquent potentiellement la peine capitale.

Les médias indiens ont rapporté qu’il s’agissait de cadres supérieurs de « Dahra Global Technologies and Consulting Services », une société conseil participant à un programme qatari d’acquisition de sous-marins de haute technologie de conception italienne qui seraient particulièrement évasifs.

Le journal pakistanais « The News International » a rapporté fin avril que la société avait été fermée par le Qatar et que 75 ressortissants indiens ont été priés de quitter l’Émirat avant la fin mai.

L’attaché de défense indien au Qatar aurait lui été expulsé en janvier 2023.

Le Qatar avait signé un protocole d’accord en 2020 avec la société italienne de construction navale Fincantieri SpA pour fabriquer des sous-marins dans le cadre d’un projet plus vaste impliquant la construction d’une base navale et l’entretien de sa flotte militaire. Le protocole d’accord n’aurait pas été mis en œuvre. Ce projet impliquerait également la société M23 S.R.L de Bergame en collaboration avec le fabriquant de sous-marins CABI Cattaneo.  Les sous-marins programmés seraient des versions allégées du U-212  construits en collaboration avec l’Allemagne (Thyssenkrupp Marine Systems.) L’U-212 est équipé d’un système de propulsion anaérobique qui permet des rester en plongée plus longtemps qu’un diesel-électrique classique. L’U212 peut également mettre en œuvre des drones sous-marins.

Israël n’a pas officiellement commenté la question, mais l’État hébreu a intérêt à empêcher le développement de technologies militaires au Moyen-Orient car il craint de diminuer d’autant son avantage militaire apporté par les États-Unis.

Comme d’habitude dans ce genre d’affaire, on se retrouve confronté à un « je de billard à cinq bandes ». En effet, l’Inde et le Pakistan s’intéressent également à la course aux sous-marins pour tenter de conserver l’avantage. La marine pakistanaise exploite déjà des sous-marins miniatures construits par l’Italie et entretient des liens de plus en plus étroits avec le Qatar. L’Inde s’inquiète du fait que le Pakistan cherche à acquérir des technologies furtives intégrées dans les nouveaux sous-marins. L’année dernière, alors qu’aucun détail sur la raison de l’arrestation des huit ressortissants indiens n’avait été rendu public, les médias indiens avaient accusé le Pakistan d’essayer de « brouiller les pistes » avec de fausses informations. Certains médias indiens avaient même fait allusion à un rôle pakistanais dans les arrestations.

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Texte

Alain Rodier