Le président Joe Biden a déclaré le 10 avril que l'Iran menaçait de lancer une « attaque significative » [contre Israël] en réponse au bombardement le 1er avril de son consulat à Damas au cours duquel quinze personnes ont été tuées dont sept membres des pasdarans.

Il a ajouté : « Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger la sécurité israélienne. »

Plus tôt dans la journée de mercredi, l’Ayatollah Ali Khamenei avait déclaré à la télévision d’État que l’attaque israélienne à Damas équivalait à une attaque contre l’Iran lui-même : « Lorsqu’ils ont attaqué notre zone de consulat, c’était comme s’ils avaient attaqué notre territoire. […] Le régime maléfique doit être puni, et il sera puni. »

Les États-Unis affirment se tenir prêts à aider Israël à se défendre et même, à se livrer à des frappes de riposte contre les Iraniens… la question se pose : jusqu’où ?

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz a déclaré (en persan) pour sa part : « Si l’Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l’Iran. »

Le général Mikael Eric Kurilla chef du Centcom effectue en ce moment une visite de travail en Israël pour coordonner une éventuelle réponse  militaire à une agression iranienne.

Cette attitude vise à dissuader préventivement Téhéran à se lancer dans une aventure militaire difficilement maîtrisable.

De nombreux analystes estiment que l’Iran qui n’a pas les moyens d’une confrontation directe avec Israël agira vraisemblablement via des proxies de manière à ne pas être impliqué directement. Pour mémoire, le Hezbollah libanais possède des milliers de missiles, drones et roquettes qui peuvent frapper dans toute la profondeur de l’État hébreu.

Washington reconnait que la problématique est considérablement compliquée en parallèle par la « non-communication » avec Moscou alors que la Russie est engagée dans ce qui peut être qualifié de nouvelle Guerre froide contre l’Occident. Et pour mémoire, la Russie est présente en Syrie et ponctuellement en Irak du nord.

A noter que Washington a contacté tous les pays concernés par la menace iranienne – sauf la Russie -…

Et pourtant, le général  Christopher Cavoli, commandant suprême allié de l’OTAN, a déclaré le 15 avril à l’Université de Georgetown à l’occasion du 75ème anniversaire de la création de l’Alliance :

les États-Unis doivent relancer les lignes de communications avec Moscou qui ont aidé les deux pays à éviter les conflits nucléaires pendant la Guerre froide « Nous pourrions lire les signaux envoyés par l’autre partie. Nous savions [à l’époque] comment envoyer nos signaux… Presque tout cela a disparu aujourd’hui […] Nous savions comment communiquer verbalement et non verbalement sur nos intentions d’une manière qui donnait de la prévisibilité à l’autre partie, la compréhension de l’autre côté […] Et c’était l’une des principales choses que nous avions : l’habitude de gérer l’escalade et de parvenir à une dissuasion sans risque significatif. »

Parmi les autres facteurs du passé qui étaient efficaces, on peut citer divers traités, accords et inspections qui ont contribué à maintenir les lignes de communications ouvertes.

« Nous avons perdu l’habitude d’utiliser ces mécanismes pour signaler et… nous nous sommes collectivement éloignés de nombreux arrangements et traités qui nous avaient donné la possibilité de le faire. »

Pour lui, depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, la rhétorique du Kremlin en matière de frappes nucléaires est devenue presque routinière et sans doute plus provocatrice que durant la Guerre froide.

Il a assuré que des efforts étaient en cours au quartier général de l’OTAN pour remettre au goût du jour certaines anciennes pratiques pour les adapter aux temps actuels.

Mais contrairement à la Guerre froide, l’apparition de la Chine sur le devant de la scène internationale vient ajouter un nouvel élément déstabilisateur à prendre en compte.

Le président américain, décidément très en verve « guerrière » a profité du premier sommet conjoint avec le président philippin Ferdinand Marcos et le Premier ministre japonais Fumio Kishida le 11 avril à Washington pour affirmer : « Les engagements de défense des États-Unis envers le Japon et les Philippines sont sans problèmes […] Toute attaque contre des avions, des navires ou des forces armées philippins en mer de Chine méridionale engagerait notre traité de défense mutuelle. »

À l’évidence, sans même évoquer les désordres révolutionnaire, les guerres civiles et les risques terroristes, la situation est explosive en de multiples endroits et personne ne peut vraiment imaginer que qui risque de se passer dans un avenir proche.

Les dérapages sont possibles et le manque de dialogue entre les grands acteurs – surtout si ce sont des adversaires potentiels – ajoute à l’incertitude de la situation délétère que l’on connaît aujourd’hui.

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Texte

Alain Rodier